Zénobie, reine de Syrie

zenobie reine de palmyre en Syrie
zenobie reine de palmyre en Syrie

De cette reine syrienne, nous connaissons plus sur son royaume, Palmyre, que sur le personnage lui-même. Rares sont les écrits qui réussissent à décrire le contour de son véritable visage. Ce que nous savons le plus, c’est surtout sur son pouvoir qui s’étendit sur Palmyre, prospère et sous tutelle impériale romaine…

Palmyre est un oasis au cœur de la Syrie, à moitié englouti sous un désert caillouté, ce qui a contribué à la bonne conservation de son patrimoine. Un patrimoine qui témoigne d’une histoire remontant jusqu’à l’âge du bronze. La ville se développa sur un tell qui fut par la suite recouvert par la terrasse du Sanctuaire de Bel au 1er siècle avant notre ère. C’est d’ailleurs à cette époque que la cité est mentionnée dans les sources gréco-romaines. Elle faisait déjà partie de la route marchande reliant la Syrie à la Mésopotamie et à la côte méditerranéenne.

Devenue indépendante avec la conquête des Séleucides 323 av. J.-C., les Romains tentèrent de la piller dès l’an 41 avant notre ère mais ils échouèrent. Les Palmyréniens s’étaient réfugiés de l’autre côté de l’Euphrate, ce qui laisse à croire qu’ils étaient des nomades, vivant de l’élevage et du commerce.

Finalement, c’est sous Tibère que Palmyre fût intégrée à l’Empire romain. Mais le petit oasis n’atteignit son apogée que sous Hadrien, qui lui donna le statut de cité libre en 129. Ainsi la ville prospéra et connu ses heures de gloires. En 212, l’empereur Caracalla promut Palmyre au statut de colonie romaine.

C’est alors qu’en 252 que Palmyre échappa aux invasions perses qui ravagèrent la Syrie. En réalité, l’avènement du royaume de Palmyre est une conséquence directe de cette grande crise du IIIe siècle, quand le roi sassanide (perse) Sapor Ier investit l’Asie Mineure orientale et s’empara d’Antioche. Cela, et l’affaiblissement du pouvoir romain, favorisa l’ascension d’Odeinat, prince de Palmyre et époux de Zénobie nommé alors directement par Valérien. Vite, Odeinat en profita pour confirmer son pouvoir en reprenant aux Perses les territoires qu’ils venaient de conquérir.

Seulement voilà, rapidement, Odeinat fût assassiné, en même temps que son fils Hérodianos. C’est donc là que Zénobie saisit l’opportunité pour monter sur le trône et affirmer son pouvoir en 266. Et rapidement, pensant limiter l’expansion perse, elle s’affranchit de la tutelle romaine, entamant en ce sens des guerres de conquêtes territoriales. Petit à petit, Palmyre devint un véritable empire, s’étendant des frontières de l’Egypte à l’Asie Mineure, et incluant une part importante de la Syrie, de la Palestine et de l’Arabie… C’est en tout cas assez suffisant pour paraître comme une pièce incontournable sur la carte géopolitique de la région de l’époque.

Empire de Palmyre en 271 (en Jaune) - Cedric Labrousse

Mais la plus importante de ces conquêtes était celle de l’Egypte, véritable raison de rupture entre l’empereur Aurélien et Zénobie car l’Egypte était le grenier à blé de l’empire romain. Mais à cela s’ajoute une autre raison. Il s’agit du soutien de Cassus Longin, fameux philosophe grec de l’époque, ce qui fut un événement symbolique indiquant que la société intellectuelle athénienne semblait partager les projets de Zénobie. D’ailleurs, la reine se définissait comme l’unique défenseur de la civilisation gréco-romaine. Elle apparaissait ainsi comme un personnage dont l’envergure se rattachait à une culture et à une civilisation. Ce qui déplût à l’empereur Aurélien, et en 271, il lança une contre-offensive pour reprendre les territoires qu’avait soustrait Palmyre. C’est la rude confrontation. Aurélien réussit à assiéger Palmyre et repoussa les troupes de Zénobie. Victorieux, il emmena la reine à Rome comme prisonnière.

C’est dire que Zénobie a été un personnage au caractère guerrier et têtue puisqu’elle tint tête à l’empereur et osa conquérir l’Egypte en se considérant héritière de la dynastie palmyrienne et unique défenseur de la société gréco-romaine menacée. Cela témoigne d’une femme d’une grande autorité sachant que, tôt ou tard, elle encourrait la fureur de Rome. En tant que chef de guerre, elle dut surprendre à la fin du IIIe siècle, mais dans la mesure où une souveraine prenait le pouvoir et assurait les affaires, elle dut être respectée du monde masculin. En outre, elle tenta de s’identifier aux princesses syriennes déjà venues à Rome, à l’instar de Julia Domna ou Julia Maesa.

Photo: Roman Reine de Palmyre A.B. Daniel Tome 1 & Tome 2.