Leila Mourad, une Diva orientale discrète

leila Mourad
leila Mourad

Il est des grandes divas qui enchantèrent le monde arabe entier au milieu du siècle dernier, une discrète chanteuse au ton divin nommée Leila Mourad. Hélas, bien que la diva ait enchanté des millions d’arabes, au même titre qu’Oum Kalssoum, tout le monde semble néanmoins l’oublier…

Née dans une famille juive au Caire, Leila Mourad commença de chanter à l’âge de quinze ans, poussée par son père, Zaki Mordekhai, qui lui avait enseigné les bases du chant. C’est à cet âge qu’elle chanta pour la première fois dans un gala. Rapidement, le public fut conquis par sa belle voix mais aussi par sa beauté princière, et la voila qu’elle devienne la révélation de son époque. A la fin des années trente, Leila Mourad  fut remarquée par Togo Misrahi, un réalisateur qui lui fit tourner ses premiers longs métrages. En quelques années seulement, elle ravit les spectateurs. La radio reprit ses chansons à succès et elle devint l’actrice la plus reconnue.

Avec plusieurs centaines de chanson, et 30 films entre 1938 et 1951, la gloire de la Diva ne fait pas de doute. Mais le revers de la médaille est sévère. Les journaux à scandales étalent ses amours tumultueuses mais ils insinuent aussi ses origines juives. Ce qui n’est pas une mince affaire dans une Egypte qui s’enfonce de plus en plus dans le nationalisme. Or, malgré sa conversion à l’Islam en raison de son mariage et ses nombreuses chansons à la gloire de la révolution de Nasser, Leila Moura fut longtemps appelée l’étrangère. On l’accusa même de donner de l’argent à Israël et la Diva fut interdite dans nombreux pays arabes.

Officiellement, c’est la mort de son mari qui était la cause de ses adieux définitifs au public. Ainsi, elle quitta la scène en pleine gloire et pour toujours en refusant systématiquement toute apparition. Elle avait alors juste 38 ans. Mais la vérité, personne ne la détient vraiment. Certains évoquent une jalousie entre divas, Oum Kalssoum notamment. D’autres pensent aux raisons politiques en racontant qu’étant en pourparlers secrets avec Israël, Nasser voulait montrer que l’Égypte ne nourrissait aucune inimitié envers les Israéliens. Et d’autres ont préféré garder une version plus romantique et plus nostalgique de la Diva. On dit alors qu’elle voulait rester le symbole de la beauté dans les cœurs des Egyptiens.

Finalement, quand Leila Mourad s’est éteinte dans un hôpital du Caire le 21 novembre 1995, à l’âge de soixante-dix ans, personne ne remarqua sa mort. Quatre ans plus tard, en 1999, l’Egypte a enfin décidé d’honorer sa mémoire. L’Égypte prouva qu’elle n’avait pas oublié sa grande star.