C’est l’histoire de trois femmes qui, le jour de la fête de l’indépendance du Liban, prennent un bus pour une prison située dans l’arrière-pays. Perdues sur une route désertique, elles vont être confrontées bien malgré elles à la quête de leur propre identité et indépendance.
C’est sur le chemin de la prison que ces trois femmes libanaises se rencontrent pour la première fois. C’est le jour de la fête nationale au pays du cèdre. Et c’est à bord d’un bus qui traverse la ville que les trois destinées s’entrecroisent. Chacune a son histoire. La première, Tamara, rend visite à son mari emprisonné depuis le jour même de leur mariage, un mariage qui n’a jamais été accepté par sa famille. La deuxième, Lina, c’est le contraire. Elle a un autre but, elle veut obtenir le divorce de son mari emprisonné. Enfin, la troisième, Hala, qui porte une arme dans son sac. Son mari qui est gardien à la même prison l’avait oublié quand il était de repos à la maison.
Voilà que le décor est posé. Le voyage peut alors commencer, depuis la gare routière de Beyrouth en direction de la prison située dans l’arrière-pays. Tout va bien lorsque soudain un incident technique va chambouler leur voyage. Et les voilà qu’elles se retrouvent livrées à leurs angoisses et obsessions, oubliées au bord d’une longue route qui ne mène nulle part. Abandonnées dans ce décor, elles ne savent plus où elles sont exactement, au milieu d’un désert aride et des eaux stagnantes animées par des cadavres et des terrains minés… Mais malgré tout, les trois femmes continuent leur périple. Un périple qui petit à petit devient un voyage initiatique où se mêlent les mémoires individuelle et collective; où le vieux passé devient un présent, étrange et absurde à la fois. Un voyage qui chavire à cheval entre la réalité, le rêve et le fantasme.
La manière dont le film décline les rencontres étranges est parlante, un couple fuyant dans un tunnel, des cadavres revêtus d’un linceul blanc comme les martyres, le convoi de corbillards dans une paysage dévasté… Avec une telle mise en scène, la réalisatrice obligent ses protagonistes à cheminer à travers le labyrinthe et la mosaïque compliquée de l’histoire politique libanaise. Symbolisme oblige. C’est sans doute à l’image du pays qui se cherche encore, tentant de retrouver sa liberté d’antan et sa souveraineté d’aujourd’hui. A l’image de ce Liban qui vit encore avec ses illusions, et dans ses souffrances anciennes mais qui sont encore présentes.
Film franco-libanais-allemand de Dima El-Horr avec Hiam Abbass, Manal Khader et Raïa Haidar. Sortie en France le 27 janvier 2010.