C’est l’histoire d’une boule de neige qui commence à bouger, et que désormais personne ne peut l’arrêter. Et avec son mouvement, son volume ne cesse de grandir, elle risque même de renverser sur sa route tout ce qui était considéré comme « insurmontable ». C’est du moins la métaphore qu’a trouvé l’ANHRI pour décrire le rôle grandissant d’Internet dans le Monde Arabe.
Dans un rapport publié la semaine dernière au Caire, l’ANHRI (réseau arabe pour les droits de l’homme à l’information) dresse un tableau de l’évolution d’Internet dans le Monde Arabe. D’après ce rapport, l’écart ne cesse de creuser entre les gouvernements des pays arabes et les internautes qui parviennent désormais à détourner leur enfermement. Après la vague des blogues, c’est autour des réseaux sociaux sur internet qui semblent prendre le relais. Simplicité et souplesse, personne ne pouvait imaginer que ces réseaux deviendraient des outils de communication pour les internautes en quête de liberté.
Le rapport recense 58 millions utilisateurs d’internet dans le Monde Arabe (sur une population totale estimée à 360 millions). Parmi ces internautes, on dénombre 600.000 blogueurs et éditeurs dont seuls 150.000 sont réellement actifs. Evidement, pour nous en Occident, le pourcentage est très faible. Mais la question n’est pas quantitative, surtout si l’on regarde le cas de l’Iran. Les internautes actifs, malgré leur faible pourcentage, réussissent à jeter et attirer la lumière sur de nombreux problèmes dans leurs pays comme la corruption, l’oppression et surtout les astuces qu’usent parfois les autorités pour décourager sinon empêcher ces internautes à communiquer avec le monde extérieur. De plus, là où les médias classiques sont presque interdits à des partis et mouvements politiques, internet les sert davantage à relier leurs expressions, notamment sur les réseaux comme Facebook ou encore YouTube, Flickr et Twitter. Cela s’explique par le fait que l’interdiction de contenus sur internet vient après la publication même de l’information sur ces réseaux sociaux. Trop tard, l’information est transmise avant l’éventuel blocage du site d’origine. D’ailleurs, les internautes parviennent à contourner la censure via le net même, où ils trouvent des logiciels servant à dépasser les net-barrières posées par les autorités.
Le rapport pointe un autre aspect. D’après les chiffres recueillis, les blogueurs seraient plus poursuivis et pourchassés par les autorités que les journalistes travaillant dans les médias classiques. Cette information est intéressante parce qu’elle prouve qu’Internet parvient davantage à relier l’expression politique dans les pays où cette expression est étouffée.
D’un autre côté, même si un certain nombre de gouvernements arabes cherchent à réglementer, voir dans certains cas contourner, l’utilisation d’Internet, ils restent néanmoins incapables de tout maîtriser. Car le vrai problème, c’est que face à cette évolution, joliment comparée à une boule de neige, ces gouvernements n’ont pratiquement que deux choix. Soit ils embrassent la révolution technologique, ils risquent alors de voir leur pouvoir s’affaiblir. Et s’ils viennent à l’encontre de ce mouvement, ils risquent de voir leur pays dépassé par un indéniable progrès technologique. Quel dilemme!
Certains d’autres tentent de prendre le train de la révolution technologique en s’y association davantage. Cela peut se traduire notamment dans l’augmentation de nombre de sites internet et la publication croissante de contenu. Le vrai dilemme reste néanmoins de répondre à la question suivante: la révolution de l’information, est-elle celle la possibilité de trouver l’information sur internet via des innombrables sites, ou c’est celle de l’exprimer en toute liberté.