Filmer Téhéran sans autorisation

Affiche du film Téhéran sans autorisation
Affiche du film Téhéran sans autorisation

L’idée du film est de proposer au spectateur, à priori occidental, de découvrir Téhéran à travers le regard d’une réalisatrice iranienne, Sepideh Farsi. Filmé en toute liberté, le défi était de passer inaperçue ou presque. C’est la raison pour laquelle la réalisatrice a tourné le film avec son téléphone portable.

On l’a vu lorsque les Iraniens sont descendus dans les rues pour contester les résultats des dernières élections. Les images prises clandestinement ont désormais beaucoup de valeurs puisqu’elles reflètent un autre Iran, différent de celui qu’on veut nous montrer. C’est en tout cas la promesse de ce film. « Téhéran sans autorisation » veut nous montrer ce que c’est l’Iran de nos jours, à la manière dont le voit la réalisatrice, tout en s’échappant à la surveillance des autorités, mais aussi en réduisant la distance qui sépare l’auteur du sujet traité.

La réalisatrice nous présente un portrait de sa Téhéran, une ville qu’elle a quittée lorsqu’elle était adolescente. Comme une peinture sur la pellicule, on y voit son fervent désir de nous montrer les couleurs de la ville qu’elle aime. Comme un explorateur aventurier, elle veut nous amener dans l’intimité presque vierge de la capitale iranienne, des images qu’on n’aurait pas vues ailleurs. Ici, l’Iran qu’on voit est chaviré entre richesse et pauvreté, tradition et modernité. Une sorte de reportage photo, animé certes, mais qui nous montre la densité en émotion des scènes simples de la vie quotidienne à Téhéran.

Filmer sur un téléphone portable

Téhéran sans autorisation a été entièrement tourné avec un téléphone portable, une manière de rendre l’approche de la réalisatrice encore plus libre, plus léger et plus réel. Filmer sans attirer l’attention, c’était son désir premier, et pour elle seule. Chaque prise est unique, pas question de faire répéter ce que les gens avaient à dire, plus de spontanéité donc. Petit à petit, ses clichés prenaient forme et consistance, la voilà détenir un portrait de la ville de son enfance. Résultat: plus de cinquante heures de rushes en trois semaines, uniquement avec le téléphone portable et sans matériel de prise de son. Sepideh Farsi ne pensait même pas que son expérience se projetterait un jour sur le grand écran.

Le film, comme son auteure, se veut franc. Fait par une iranienne, il s’adresse d’abord et avant tous à ceux qui ne connaissent pas Téhéran. Vivant à l’étranger, la réalisatrice se veut comme à cheval entre les deux cultures, iranienne et occidentale. Comme un pont entre les deux mondes. Voir l’Iran à travers des yeux iraniens mais aussi à travers des regards mi-iraniens mi-occidentaux. Le film n’est pas écrit avec une narration claire. Pas plus pour son positionnement politique, l’auteure n’en prend pas. Même si le film, par la tension omniprésente, est le reflet de la situation sociale et politique du pays. Téhéran sans autorisation, un film de Sepideh Farsi. Sortie en France le 2 décembre 2009.