Paix au Moyen-Orient, quelles retombées sur le tourisme ?

Retombées touristique de la paix au proche orient
Retombées touristique de la paix au proche orient

A défaut de trouver une réelle issue pacifique au Proche Orient, certains se mettent à rêver et à imaginer ce que peut devenir cette région dans un contexte pacifié entre les différents protagonistes ! C’est en tout cas le scénario qu’a imaginé Marc Gopin, co-fondateur du MEJDI (Middle East Justice and Development Initiatives).

Imaginons la paix ! Tel est le titre d’un scénario, utopique de nos jours, mais autant porteur d’espoir. Et quand il s’agit espérer, même si on vous taxe de nativité par moment, tous les scénarios doivent être permis voire encouragés. Alors inventons le scripte. C’est à quoi s’est employé Marc Gopin, professeur à la chaire James Laue en résolution de conflits à l’Université George Maso (USA).

Le pitch : comment imaginer le tourisme dans un Moyen-Orient pacifié ?

Le constat du départ de l’auteur est le suivant : le processus de paix bat de l’aile dans cette région, et ce depuis bientôt 20 ans au moins, depuis l’arrêt des accords d’Oslo en tout cas qui avaient suscité beaucoup d’espoirs à l’époque. Chacun rejette la responsabilité sur l’autre, et le moindre qu’on puisse dire c’est que la confiance est inexistante entre les différentes parties. Du coup, la région se trouve sans espoirs, ni visions. Aucune version de paix n’est partagée par tous les protagonistes en même temps, les uns se méfient des autres, peuples et gouvernements compris. La blessure est béante.

Or pour construire une paix, il faut commencer par soigner ces blessures. D’après Marc Gopin, une des manières pour y parvenir serait d’abandonner tout scepticisme en l’espace de quelques instants et de libérer son imagination et son esprit pour construire un monde, imaginaire pour l’instant certes, mais plein de perspectives et d’espoirs, dans l’éventualité d’une paix. Grâce à cet exercice inventif, défendre des solutions ambitieuses pour la paix deviendrait peut-être plus facile.

Le décor du scénario ?

Un Etat palestinien créé en Cisjordanie et à Gaza, avec pour capitale Jérusalem Est.  Jérusalem Ouest est reconnue comme  capitale d’Israël. Une zone sacrée incluant la vieille ville est sous la tutelle d’une administration civile commune, voire internationale. Le problème des réfugiés palestiniens est réglé, entre nationalité et compensations financières ; ne rentrons pas dans les détails techniques, ici on imagine seulement que les partie prenantes se serait mises d’accord. Enfin, donc il faut imaginer un monde où les relations entre les Etats arabes et Israël seraient  normalisées avec des traités qui règlent l’ensemble des différents qui les opposent.

Retombées touristiques d’un tél scénario

D’après l’auteur, la première retombée serait donc  l’explosion du tourisme religieux. Avec une mosaïque d’une extrême richesse dans la région, cela concernerait tout le monde : musulmans, chrétiens et juifs. Au minimum, il y aurait des pèlerins musulmans, visitant les lieux les plus anciens et les plus sacrés de l’Islam, en Syrie, en Irak, en Palestine et dans d’autres pays. Les juifs arabes, originaires de plus de 22 pays arabes,  venant d’Israël, de France et d’Amérique feraient le voyage en sens inverse, entraînant dans leur sillage leur famille nombreuse, pour visiter les cimetières où sont ensevelis leurs grands-parents et leurs saints, dans une centaine de villages toujours existants. Les tours opérateurs organiseraient des circuits sacrés, sur les chemins Damas – Mecque en passant par Jérusalem.

Ajoutons à cela, une telle situation ferait le bonheur de l’industrie touristique : agences de voyages, hôtels, compagnies aériennes. Le réseau routier et ferroviaire et le nombre d’hôtels entre le Caire, Gaza, Jérusalem, Haïfa, Beyrouth et Damas s’accroîtrait énormément.

Démocratisation et pacification

Un autre avantage réside dans le fait que parmi les industries qui rapportent, le tourisme est le plus démocratique. Ainsi des millions d’emplois seraient créés et bénéficieraient à toutes les communautés religieuses, minoritaires ou majoritaires.

Le contexte devenu plus apaisé, les fouilles archéologiques seraient moins politisées en Terre Sainte et on y atteindrait des niveaux de plus en plus sophistiqués, d’où un grand essor de la recherche archéologique et universitaire.

Sur le plan économique, les grands travaux fleuriront. Des partenariats d’affaires entre les pays du Moyen-Orient et Israël deviendraient tout à coup officiels.

Bref, les peuples de cette région se mettront à regarder l’avenir plutôt que se tourner vers un passé si proche et si douloureux. Ils pourraient plutôt redécouvrir ce passé plus lointain, où des générations et des générations d’arabes, de juifs, de chrétiens et de musulmans faisaient des affaires et travaillaient ensemble dans tout le Moyen-Orient.

Le MEJDI, Middle East Justice and Development Initiative, est une initiative sociale palestinienne et juive cofondée par Marc Gopin et Aziz Abu Sarah, un activiste palestinien pour la paix. Le mouvement est également pionner des voyages organisés et des séminaires universitaires au Moyen-Orient.