12ème Festival de l’Imaginaire

12ème Festival de l'Imaginaire

Le Festival des Arts traditionnels du Monde ouvrira ses portes le 12 mars prochain à Paris et proposera un itinéraire de découvertes artistiques inédites, notamment un programme de musiques traditionnelles issues du Moyen-Orient.

« Dans le cadre de la douzième édition du Festival de l’Imaginaire (12-18 mars 2008), un programme de musiques traditionnelles issues du Monde Arabe est à l’honneur cette année. On retrouvera le groupe de Zikr Qadiri Khawalti (Syrie) avec ses chants soufis à l’Opéra Bastille; la création musicale « Je t’aime de deux amours » (Syrie-Turquie) avec pour thème la figure poétique de Râbi’a Al Adawiya; la voix de Beihdja Rahal, une des voix des plus prometteuse de la Sanaa, musique arabo-andalouse d’Alger et Naseer Shamma et Carlos Pinana (Irak/Espagne) pour une rencontre des virtuoses du luth et de la guitare. De plus, l’auditorium du Louvre a invité de nombreuses musiques traditionnelles issues d’Azerbaidjan, d’Ouzbékistan et de Tadjikistan…

ZIKR QADIRI KHALWATI - Zawiya Hilaliy Chants soufis de Syrie
ZIKR QADIRI KHALWATI – Zawiya Hilaliya d’Alep avec Mohammad Hakim, munshid (chantre) de la « Zawiya Hilaliya »
Les voix du chantre Mohammad Hakim et des chanteurs membres de la confrérie de la zâwiya hilaliya d’Alep nous conduisent au coeur de la tradition soufie telle qu’elle se pratique à Jalloum, quartier populaire d’Alep, où se retrouvent chaque vendredi après-midi les membres de cette confrérie pour la célébration du zikr. Ensemble, dans la salle de prière de la zâwiya hilaliya, ils célèbrent le divin.

La zâwiya est un lieu rattaché à une confrérie déterminée et réservé à la prière et à la méditation. Fondée en 1680 par le shaykh Hilal Rami Hamdani, la zâwiya hilaliya d’Alep a toujours été dirigée par ses descendants qui sont enterrés dans la cour. Aujourd’hui, elle est dirigée par le shaykh Jamal Eddine al-Hilali. Fidèle aux préceptes de son fondateur, l’enseignement de la théologie, des doctrines religieuses et de la pensée mystique y est encore assuré aujourd’hui.

Le zikr, littéralement mémoire et parole – dans le contexte religieux il faut entendre souvenir, mention, remémoration de Dieu –, est un rituel spirituel reposant sur l’invocation du nom divin. Il est accompagné de mouvements de la tête et du torse. Ces mouvements favorisent la concentration mentale. La scansion régulière des formules sacrées par les officiants en choeur sert de cadre au chant libre et improvisé du munshîd, chantre et soliste. Son chant se base sur les règles et échelles musicales orientales : mûwashshah, qad, shghul, sûfi… Par la répétition du nom de Dieu, les membres de la confrérie cheminent vers la plénitude et l’extase.

Râbi’a Al AdawiyaJE T’AIME DE DEUX AMOURS… (SYRIE – TURQUIE)
Création musicale autour de Râbi’a Al Adawiya, avec Kudsi Erguner, direction musicale et flûte ney Waed Bouhassoun, chant Bruno Caillat, tambour dâf Yunus Balcioglu, chant et psalmodie Râbi’a Al Adawiya, chantre de l’amour pur, est née en Irak au VIIIe siècle. Esclave affranchie, ancienne joueuse de ney, elle a laissé de courts poèmes qui exaltent l’amour de Dieu.

La figure de Râbi’a Al Adawiya est peu évoquée dans le contexte culturel arabe. Pourtant, si la grande diva de la chanson arabe, Oum Kalsoum, chanta quelques poèmes inspirés de Râbi’a et la célébrant, ce corpus poétique reste encore aujourd’hui trop peu connu.

Râbi’a Al Adawiya passa toute sa vie à Bassorah, retirée du monde. Elle y mourut en 801, âgée de plus de quatre-vingts ans. Absorbée par la contemplation du divin, elle ne craignit pas de désigner l’amour de Dieu par le terme « hubb » – terme couramment utilisé pour l’amour entre humains – et de proclamer qu’un amour totalement désintéressé est celui-là seul dont Dieu est digne. C’est à la suite de Râbi’a que les Soufis feront la distinction entre ceux qui aiment Dieu pour ses bienfaits et ceux qui aiment Dieu pour lui-même.

On raconte une action symbolique fort célèbre de Râbi’a, dont le souvenir à peine déformé est passé de l’Islam à la littérature française. Un jour, plusieurs soufis rencontrèrent Râbi’a qui courait, portant du feu dans une main et de l’eau dans l’autre. Ils lui dirent : « Ô Dame du monde futur, où vas-tu, et que signifie cela ? » Elle répondit : « Je vais pour incendier le paradis ou noyer l’enfer, en sorte que ces deux voiles disparaissent complètement devant les yeux des pèlerins et que le but leur soit connu, et que les serviteurs de Dieu Le puissent voir, Lui, sans aucun objet d’espoir ni motif de crainte. Qu’en serait-il, si l’espoir du paradis et la crainte de l’enfer n’existaient pas ? Hélas, personne ne voudrait adorer son Seigneur, ou Lui obéir ! ».

Le projet de création autour de Râbi’a Al Adawiya réunit, d’une part un compositeur et musicien soufi de renom, grand virtuose reconnu de la flûte ney, Kudsi Erguner, d’autre part une voix arabe exceptionnelle, la jeune Waed Bouhassoun que l’on a déjà pu apprécier lors de la 10e édition du Festival de l’Imaginaire. Le joueur de tambour dâf Bruno Caillat et le muezzin, chantre et lecteur du Coran, Yunus Balcioglu participent également à ce projet de création. S’inspirant du matériau mélodique propre aux chants d’Oum Kalsoum, Kudsi Erguner proposera une ligne musicale pour ney et tambour sur cadre dâf, Waed Bouhassoun et Yunus Balcioglu interpréteront les textes.

12ème Festival de l’Imaginaire du mercredi 12 mars au vendredi 18 avril 2008.

Maison des Cultures du Monde

101, boulevard Raspail 75006 Paris – Tél : 01 45 44 72 30

Programme détaillé sur le site internet www.mcm.asso.fr