Ordures et porcs au Caire, un enjeu environnemental

collecteurs de poubelles au caire
collecteurs de poubelles au caire

Tout le monde le sait, le porc est considéré comme un animal « maudit » chez les musulmans et la consommation de sa viande est strictement interdite par la religion. Néanmoins, le porc a quelques vertus dans certains pays au Moyen-Orient, comme manger les ordures organiques, c’est le cas en Egypte; ce qui lui donne, en quelque sorte, une place importante dans la gestion des déchets organiques dans une grande ville comme le Caire.

En effet, il existe au Caire, et ce depuis longtemps, un marché et une organisation assez particuliers. D’abord, il y a des ramasseurs non-officiels d’ordures, appelés « zabalines ». Puis, il y a les éleveurs de porcs à la périphérie de la ville. Entre eux, il existe donc un commerce: les ramasseurs d’ordures collectent les déchets organiques dans les rues de la capitale pour les vendre aux éleveurs afin de nourrir leurs porcs. Jusqu’à là, tout va bien, puisque tout le monde trouvait son compte ou presque. La ville se débarrassait ainsi d’une partie de ses déchets organiques, non officiellement et à moindre coûts, et les éleveurs de porcs achetaient de la nourriture pour leurs animaux, à moindre coûts aussi.

Seulement voilà, avec la grippe H1N1, le gouvernement égyptien avait décidé en été dernier de prendre ses précautions: afin d’enrayer la propagation de cette grippe, les autorités avaient décidé d’abattre 300.000 porcs. Le chiffre a certainement de quoi donner le vertige mais la décision est désormais contestée par les défenseurs de l’environnement.

Or, depuis que les porcs ne sont plus là pour consommer les ordures organiques, ces déchets ne font que s’entasser dans les rues de la capitale, de quoi poser d’autres problèmes de santé publique. De plus en plus, certaines rues sont tellement envahies par les ordures qu’elles pourraient se transformer en foyers incontournables pour des maladies encore plus dangereuses. Ainsi, en prenant des mesures pour combattre la grippe, la ville verrait d’autres maladies surgir.

Depuis, les experts crient au scandale en affirmant que la décision de tuer les porcs était tout simplement absurde et précipitée. Ils préconisent d’autres solutions, comme par exemple le transfert des fermes d’élevages de porcs de la périphérie de la ville au désert.

De plus, ces abattages collectifs semblent causer d’autres problèmes. Pas de moins de 70.000 éleveurs de porcs et collecteurs d’ordures sont désormais touchés directement par le chômage.

Avec près de 18 millions habitants, la ville du Caire produit 55% des déchets du pays. Les déchets organiques représentent près de 70% des ordures de la capitale. Le plastique, le papier et le verre forment les 30% restants. Pour recycler ces ordures, il existe 160 usines réparties dans tout le pays. C’est sans doute loin d’être suffisant.