Le film Bam 6.6 tisse le drame de Tobb et Adèle, une judéo-américaine, avec d’autres récits de la catastrophe naturelle qui vit disparaître plus de 40,000 personnes et détruisit 90 pour cent des constructions de la ville historique de Bam (terme qui signifie « ville haute »), dans le sud de l’Iran.
En 2003, un jeune couple s’attendait à des vacances de rêve, mitonnées depuis plusieurs années de fréquentation et d’un amour partagé de l’aventure et du voyage. Mais, au lieu de rentrer d’Iran fiancée à son amoureux, Adèle Freedman est revenue seule aux Etats-Unis, physiquement et psychologiquement démolie après avoir échappé d’un cheveu au tremblement de terre qui prit la vie de son fiancé, Tobb Dell’Oro.
Au-delà de l’histoire de ces deux Américains et d’autres survivants, le film montre comment les antagonismes de nationalité et de politique s’effondrent devant les affres de la tragédie.
Une humanité partagée et l’hospitalité naturelle de l’Iran sont les leitmotivs de ce film produit et dirigé par Jahangir Golestan-Parast. Même avant le tremblement de terre, les Iraniens avaient accueilli le couple américain à bras ouverts, les traitant avec gentillesse, chaleureux malgré la méfiance politique et l’animosité qui existent entre les Etats-Unis et l’Iran. Le film montre comment les Iraniens savent tout naturellement faire la différence entre les gens et la politique.
Le 26 décembre 2003 fut un jour d’horreur et de douleur pour tous les Iraniens. Le bilan catastrophique de ce séisme de magnitude 6,6 fut de 40.000 morts, les secours étant gênés par le fait que la plupart des structures en dur s’étaient écroulées sur la tête des habitants. La citadelle de Bam, vieille de 2000 ans, la plus grande construction en pisé au monde, un trésor pour les touristes et les chercheurs, s’effondra aussi, mettant fin à des siècles de beauté et d’élégance.
Tobb et Adèle avaient été enthousiasmés par la citadelle. Ils avaient même décidé de renoncer à leur hôtel chic des abords du site architectural, pourtant déjà inclus dans le prix du voyage, pour s’installer chez l’habitant, dans une maison plus proche encore. Ils venaient de s’endormir dans leur petite chambre lorsque le désastre frappa.
Adèle reprit conscience sous les débris, n’entendant que la voix de Tobb, prisonnier des gravats lui aussi, qui la rassurait. Quand leur guide iranienne arriva, elle constata que la maison avait été rasée. Incapable de dégager le couple elle-même, elle revint plus tard avec un véhicule et plusieurs personnes pour l’aider à creuser. Le couple fut envoyé à l’hôpital. Adèle survécu, Tobb n’eut pas cette chance.
Médecins et infirmiers travaillaient sans relâche pour soigner les survivants. Conformément aux règles de l’hospitalité de ce pays, Adèle, en tant qu’étrangère et donc « invitée » de l’Iran, fut soignée en priorité. Lorsque la mère d’Adèle, elle-même infirmière vit la façon dont sa fille était traitée, elle affirma qu’elle n’aurait pas pu faire mieux elle-même. Si les parents d’Adèle, judéo-américains eux-mêmes, avaient éprouvé quelque appréhension avant leur arrivée, celle-ci disparut rapidement.
Ce tremblement de terre, qui anéantit près de la moitié de la population de Bam, amena la ruine et la désolation dans la ville. Pourtant, il révéla aussi un aspect positif et porteur d’espoir pour l’humanité. Le monde entier envoya de l’aide et des messages de sympathie, même des pays comme les Etats-Unis dont on n’aurait guère espéré de solidarité. Bam 6.6 montre des organisations américaines comme USAID, Operation USA et l’équipe de sauvetage de la Virginia Task Force participant aux travaux de fouilles et de reconstruction, ainsi que des volontaires internationaux installant des centres pour les enfants qui avaient perdu leurs proches.
« Bam 6.6 est un hommage à l’esprit humain », dit Golestan-Parast, un Iranien qui réside actuellement dans les sud de la Californie « Ce film nous prouve que des différences culturelles ne créent pas forcément de fossés entre les individus. »
Au simple niveau de l’être humain, nous dit le film, nous somme tous les mêmes. Que nous soyons Américains ou Iraniens, nous partageons les mêmes valeurs fondamentales, nous avons les mêmes réactions devant la tragédie. Même l’intellectualisme s’efface naturellement devant la catastrophe.
Il faut espérer, toutefois, que nous n’avons pas besoin de catastrophes pour nous rapprocher les uns des autres. Le film montre qu’une interaction directe, un face à face avec des gens venant d’autres cultures et vivant dans des systèmes politiques différents constitue un premier pas positif, le pas qui nous permet de nous débarrasser de la peur de l' »autre ».
Dans le film, un homme qui a partagé l’enfance de Tobb en Arabie Saoudite dans un ensemble résidentiel réservé aux travailleurs américains expatriés rappelle les qualités de son ami. Alors que les autres enfants jouaient très sagement à l’intérieur de l’enceinte, Tobb était toujours le premier à grimper sur la clôture pour explorer les richesses du monde et de la culture qui s’offraient à lui au-delà de l’enclave américaine. La vie de Tobb, nous a dit cet homme, prouve qu’il n’est pas compliqué d’apprendre à connaître ceux « de l’autre côté » à partir du moment où on est prêt à faire le saut.
Bam 6.6 sera projeté le 12 avril à l’occasion du Festival du film NOOR à Beverly Hills.
Site officiel du film : Essesceofiran.com
Par Vanessa Arrington, une journaliste américaine et Kowsar Gowhari, une photographe iranienne. CGNews.