Le Nil et le réchauffement climatique

Le Nil et le réchauffement climatique

Le réchauffement de la planète accélérerait le processus d’évaporation des rivières. Une telle perspective affecterait en particulier des rivières comme le Nil en Egypte, indispensable réserve d’eau douce pour le pays. Les scénarios et solutions des experts se multiplient…

L’impact négatif du réchauffement climatique sur le Nil serait-il indéniable? Les plus pessimistes pensent que le réchauffement pourrait au moins accélérer le processus d’évaporation des eaux ainsi que la baisse du niveau de la rivière. Une telle baisse affecterait les besoins de l’Egypte en eau douce pour la consommation, mais aussi pour l’irrigation et la production de l’énergie hydro-électrique. Sans oublier les conséquences socio-économiques, en raison de l’explosion démographique, le pays ne pourrait pas répondre aux besoins de la population en eau potable, ni aux besoins en électricité nécessaire pour le développement économique.

Un tel scénario "catastrophiste" prévoyant une baisse de 70 % du niveau du Nil n’est pas le seul pourtant. En effet, les experts émettent de plus en plus des projections contradictoires et restent incertains quant à l’impact qu’auront les changements climatiques sur le Nil. Certains chercheurs pensent qu’au contraire, les pluies tropicales sur le plateau éthiopien s’intensifieront et cela entrainera une augmentation du niveau du Nil de 25%.

Ces deux scénarii ne sont que de simples prédictions, car jusqu’à présent, aucune recherche spécifique n’a été développée pour déterminer exactement l’impact du changement climatique sur le niveau du Nil. Seul un rapport publié par l’OCDE en 2004 a déjà avancé quelques données non négligeables : une hausse de température de (1°C) pourrait augmenter le processus d’évaporation de 4%. C’est beaucoup dire…

En attendant, nul ne doute que le pays reste "vulnérable" face aux impacts des changements climatiques. Surtout si l’on sait que la rivière fournit 95% des besoins d’eau. De plus, la plupart de la population est concentrée dans l’étroite vallée du Nil. Le Delta, embouchure du Nil sur la méditerranée, ne représente que 2.5 % de la surface de l’Egypte, mais c’est là où se concentre le tiers de la population.

D’où le besoin d’améliorer en priorité toutes les méthodologies hydrologiques et de mettre en place une politique publique pour évaluer l’ampleur de l’impact des changements climatiques. Dans une tentative pour répondre à ce besoin, le programme de Développement de L’ONU collabore avec le Centre de Recherche National pour l’eau et les pouvoirs publics pour réaliser un outil d’aide à la décision. Le logiciel sera capable de produire des scénarios plus approximatifs concernant le changement climatique dans la vallée du Nil. Il contribuera à améliorer la planification et la gestion de l’eau de la rivière.

Le système sera utilisé pour développer des projections futures et obtenir une image plus claire de la façon dont il faut utiliser les ressources en eau. Ainsi, si des scénarios extrêmes arrivent et s’il y a une augmentation ou une diminution de flux d’eau du Nil, le pays serait mieux préparé.

D’autres mesures sont avancées pour limiter la menace possible d’une pénurie aiguë en eau. Le pays pourrait développer des sources supplémentaires, mieux collecter l’eau de la pluie, augmenter l’extraction souterraine, optimiser le recyclage de l’eau, opter pour le dessalement de l’eau de la mer et améliorer l’accessibilité aux réserves.

{moscomment}