La région MENA (Moyen-Orient et Afrique de Nord) est composée de vastes étendues sèches et fortement ensoleillées avec des surfaces complètement vides et qui ne demandent qu’à être exploitées. Et si on utilisait ces vastes déserts pour produire de l’électricité ?
C’est en tout cas à cette perspective que s’attaque une nouvelle étude menée par le cabinet Booz. Le rapport affirme que la Région MENA possède un potentiel considérable en énergie solaire (trois fois les besoins mondiaux en énergie solaire) et qu’elle pourrait offrir jusqu’à 45% du potentiel énergétique renouvelable mondiale. Aidée par des conditions climatiques et géographiques très favorables, la région resterait ainsi l’un des plus grands producteurs mondiaux d’énergie renouvelable,même après la fin annoncée du pétrole. D’autant plus, que ces régions désertiques offrent également la possibilité d’exploiter d’autres énergies comme l’éolien. La belle affaire, n’est-ce pas?
Seulement voilà, il ne s’agit là que d’un potentiel, pas encore exploité comme il pourrait l’être. Actuellement, les énergies renouvelables, dont l’énergie solaire, ne sont que très peu exploitées dans les pays arabes et au Moyen-Orient, en raison de la dominance du pétrole. Et cette dominance pétrolière et des énergies fossiles cause directement ou indirectement un problème de financement, les projets sont carrément sous-financées, puisqu’ils ne sont pas considérés prioritaires.
Seuls quelques projets d’envergure sont d’actualité, tel que Masdar aux Emirats arabes unis. D’autres pays commencent également à consacrer davantage de moyens pour développer l’énergie solaire, c’est cas du Liban, mais aussi d’Israël.
De plus, ces énergies nouvelles ne mettraient pas, à moyen terme, en péril le secteur pétrolier, le rapport tente de rassurer les pays producteurs. Au contraire, si les énergies renouvelables remplacent ces énergies fossiles utilisées pour la production d’électricité, cela renforcerait la valeur des exportations pétrolières. Ajoutons à cela que le secteur de l’énergie renouvelable conduira à la diversification économique et à plus de création d’emploi. Un facteur à ne pas négliger dans certains pays où le taux de chômage est très haut.
Perspective de coopération mondiale et régionale
Sous un autre angle, la question prend davantage d’importance. Car, on a là deux régions qui coexistent, l’Europe et la MENA. La première possède la technologie nécessaire et des besoins croissants en énergie propre, sans pour autant avoir un potentiel équivalent à celui de la région MENA en énergie solaire. La deuxième région, la MENA et spécialement le Moyen-Orient, possède ce potentiel énergétique énorme dont on fait l’éloge, mais elle n’a ni les compétences, ni la technologie et encore moins le cadre humain. Il y a là un potentiel de coopération à exploiter et ce dans les deux sens. C’est d’ailleurs l’esprit et le sens du Projet Desertec.
Mais cette énergie solaire pourrait aussi être un moteur régional de premier ordre au Moyen-Orient. Notamment en cas de résolution du conflit israélo-arabe. Dans une telle perspective, on pourrait imaginer une coopération régionale et de projets d’envergure, entre les pays arabes de la région d’un côté et Israël d’un autre côté. L’état hébreu possède en effet une technologie avancée… Mais ça, c’est une autre question…