Pas moins de 3300 proverbes libanais, traduits en français, c’est ce que l’écrivaine libanaise Hana Samadi Naaman nous répertorie dans son nouveau livre « Les proverbes de ma mère ».
Qui ne connaît pas la devise au Moyen-Orient, au détour de chaque conversation, les gens vous sortent des proverbes transmis de père en fils. Pour l’auteure du livre « Les proverbes de ma mère », on l’aura compris, c’est sa mère qui l’aurait inspirée. Cette mère qui avait la facilité naturelle de ressortir un proverbe en toute circonstance, que ce soit pour conseiller sa fille, la consoler ou la convaincre, pour chaque occasion un proverbe assorti et adéquat.
Elevée donc avec l’importance des mots et de ces proverbes dans la vie quotidienne mais aussi dans la culture d’une société toute entière, l’auteure s’est mise à les recenser depuis son plus jeune âge, 17 ans seulement, sur son carnet d’adolescente. Mais l’adolescente grandissant, la liste de ses proverbes s’allongeait également. La voilà les classer par thème et/ou par ordre alphabétique. Petit à petit, la jeune fille devient une source reconnue, y compris pour sa mère qui l’aide dans sa démarche en nourrissant son carnet avec elle. Le temps passe mais la passion persiste. Même après l’installation de l’auteure à Paris où elle obtient un DESS en Droit international de l’énergie à la Sorbonne.
Le projet de faire un livre avec tous ces proverbes prend forme lorsque la santé de sa mère commençait à décliner et lorsque les souvenirs de cette mère commençaient à lui échapper. Le carnet devient alors une sorte de mémoires enregistrées de la bouche de la mère. Mais par au-delà de la propre mère de l’auteur, le carnet est en quelque sorte une mémoire collective d’une société. Pour l’auteur, le proverbe ne fait que refléter la société elle-même, son mode de vie, sa façon de penser et de fonctionner. Il s’appuie sur le quotidien de cette société, ses préoccupations, ses références, ses souffrances comme ses joies.
C’est pour cette raison qu’elle va sortir de son cadre familial. Elle va interroger d’autres personnes âgées, qui lui dictent leurs proverbes tout en expliquant les circonstances dans lesquelles ils sont utilisés. C’est un peu comme comprendre leur cycle de vie, comment ces proverbes sont nés. D’après Hana Samadi Samaan, le proverbe repose parfois sur des métaphores qui sont faites pour marquer, ironiser, et pourquoi pas, choquer, afin que l’information traitée laisse une trace dans la mémoire.
Le travail de Hana Samadi Naaman se veut dépasser l’aspect communautaire au Liban, puisque son répertoire évoque les proverbes associés aux différentes communautés en dépassant les clivages religieux. Elle nous signale que certaines communautés partagent les mêmes proverbes, tout simplement parce que ce qui les réunit c’est d’abord un environnement géographique et culturel commun: leur pays, le Liban. N’est-ce pas une manière de rapprocher ces différentes communautés libanaises meurtries par tant de guerres et de divisions ? Avec ce livre, Hana Samadi Naaman espère justement donner aux Libanais quelque chose de leur patrimoine commun. Un outil, pour se retrouver et retrouver leurs racines.
Le recueil est thématique. Il répertorie 3300 proverbes, en proposant pour chaque proverbe sa racine en arabe, sa prononciation phonétique, mais aussi sa traduction en français, avec surtout un lexique sur la signification et un rapprochement avec d’autres proverbes d’autres cultures avoisinantes.