Maintenir la présence des femmes en politique à Oman, et malgré des élections perdues c’est l’option qu’a pris le pays pour rattraper le retard…
Lors des élections législatives d’octobre 2007 à Oman, deux sièges précédemment alloués à des femmes ont été perdus. A l’élection au Conseil consultatif d’Oman, aucune femme ne s’est fait élire. En guise de compensation, le sultan Qaboos bin Said a alors nommé au Conseil d’Etat, organe consultatif du gouvernement, 14 femmes qui avaient auparavant eu des fonctions d’académiciennes, de sous-secrétaires d’état et de membres du Conseil consultatif. Grâce à cette mesure, le Conseil d’Etat compte le plus grand nombre de femmes de son histoire.
Au cours des cinq dernières années, quatre femmes ont été nommées à des fonctions de niveau ministériel, trois d’entre elles étant respectivement responsables de l’enseignement supérieur, du tourisme et du progrès social, et la quatrième de la Commission de l’artisanat. Dans d’autres hautes fonctions politiques, une femme encore est sous-secrétaire au ministère de l’éducation, deux autres sont ambassadeurs aux Pays-Bas et aux Etats-Unis. Dans le sultanat, les femmes occupent cinq pour cent des postes à responsabilité et représentent 18 pour cent de la population active.
Les femmes politiques d’Oman restent avant tout tributaires du gouvernement qui les a nommées, leur rôle se réduisant généralement à l’émission d’opinions et d’avis, et à l’exécution des politiques définies par le gouvernement. Malgré tout, il semble que certains changements subtils mais significatifs intervenus l’année dernière puissent être indirectement attribués à la présence de femmes à des postes influents.
Dans le cadre d’une décision historique, les Omaniennes se sont vu reconnaître l’égalité des droits, le droit à des terrains publics gratuits et, en vertu de la nouvelle Loi sur la preuve, un poids égal en matière de témoignage devant les tribunaux. Le Parlement a également adopté une nouvelle loi contre le trafic des êtres humains, fléau dont les femmes sont les premières victimes.
Il faut espérer que ces tout premiers progrès ne soient pas aussi les derniers.
Les femmes d’Oman veulent participer plus activement à la vie publique. Malheureusement, elles se sentent démunies de tout pouvoir sur le cours des événements politiques, dans la mesure où la plupart des responsables sont nommés à la discrétion du sultan, dans ces conditions le plus souvent opaques.
Il n’existe pas de mouvement politique organisé, il est vrai. Pourtant, de nombreuses femmes estiment qu’elles devraient être plus nombreuses au gouvernement, ainsi qu’au Conseil consultatif, proportionnellement au rapport des sexes selon le recensement national, ou proportionnellement à leur présence sur le marché du travail.
On pourrait aussi augmenter le nombre de postes électifs, ce qui permettrait à des femmes de se présenter à des fonctions officielles.
En cette époque où la cause des femmes est un problème de premier plan et où des voix s’élèvent, tant dans le pays qu’au niveau international, pour exiger davantage d’égalité, les droits de la femme à Oman ne peuvent plus être ignorés.
Par Rafiah Al Talei, journaliste à Oman et directrice de programmes au Gulf Forum for Citizenship-CGN.