Orient sur danses 3, à l’IMA

orient sur danses 3

Que de beaux spectacles en perspective ! Voici la programmation de la nouvelle édition d’Orient sur danses 3 à l’IMA. Du 26 octobre au 22 décembre 2007, à ne pas manquer…

La danse orientale est dans l’air du temps, mais sa représentation a souvent du mal à passer la rampe des clichés. Comme autrefois, au XIXe siècle, quand les légionnaires, abonnés aux cabarets cairotes, nommaient mal la chose par un méprisant «belly dance» (danse du ventre). Certes, il y a parfois le côté strass et fantasmatique, mais il faut surtout retenir le caractère culturel qui remonte à l’époque des Pharaons.

Enrichie par de multiples influences (indiennes, andalouses…), la gestuelle orientale, qui suscite un engouement extraordinaire en Occident, s’est surtout fait connaître, à partir du XXe siècle, à travers les prestations d’une Tahia Carioca ou d’une Samia Gamal dans les comédies musicales égyptiennes.

orient sur danses 3Contrairement à une image terriblement réductrice, elle ne se résume pas à de simples mouvements de bassin, mieux, elle sollicite le corps dans son intégralité. A ce sujet, on ne peut résister au plaisir de citer un extrait de La danseuse de Khalil Gibran : à un prince qui lui demanda : «Comment peux-tu maîtriser la terre et l’air dans tes pas, et l’eau et le feu dans ta cadence ?», une danseuse répondit : «L’âme du philosophe veille dans sa tête, l’âme du poète vole dans son cœur, l’âme du chanteur vibre dans sa gorge. Mais l’âme de la danseuse vit dans son corps tout entier». Cette espèce de tremblement généralisé semble à la fois fasciner et irriter bien des esprits, quand il ne choque pas par des manières jugées impudiques. Ce contre quoi, l’illustre Karine Saporta s’insurge : «De la danse orientale en passant par les frémissements de la mort du cygne et jusqu’au smurf, l’érotisme et la mort secouent le corps de semblable façon. L’impudeur ? Croyez-vous, alors, que le ballet classique laissait deviner en des écarts fort audacieux les charmes les plus intimes des trop jolies danseuses et que nul ne songeait à crier au scandale. L’impudeur, certes non. Bien plutôt la tension, l’accumulation d’énergie, la montée de la fièvre…».

À nouveau, à travers ce retour d’Orient sur danses, c’est tout cela, et plus encore, que véhiculent, chacune avec son style propre, les diverses compagnies présentes. Toutes se distinguent par des mouvements élégants – où les mains gagnent autant d’importance que les hanches – et renouent avec le passé antique des grandes civilisations du monde méditerranéen.

Programmation…

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Programmation de la nouvelle édition d’Orient sur danses 3 à l’IMA :

Samedi 27 octobre 2007
20h30 à l’Auditorium

Dùnya
avec Maria Robin et Sarah Avril

Dùnya, titre du spectacle mais aussi le nom du groupe qui fait vivre ce projet, révèle les échanges et interactions qui peuvent naître entre différentes cultures. Ses compositions opèrent un brassage musical où rumba flamenca, rythmes orientaux et cris gitans s’entremêlent subtilement. En arabe, mais également en hindi et en ourdou, Dùnya signifie le monde et ce choix témoigne d’une volonté d’ouverture en nous rappelant les liens qui existent entre l’Inde et l’Egypte.
Au coeur du spectacle, il y a la danse kalbeliya, du nom d’une caste de gitans charmeurs de serpents du Râjasthân, aux vertus thérapeutiques, qui s’inspire effectivement des sinuosités envoûtantes du reptile. Maria Robin, épaulée par Sarah Avril et des musiciens talentueux, insuffle l’énergie qui la caractérise à des chorégraphies traditionnelles et sa qualité d’interprétation rend chaque moment unique parce qu’authentique. Chaque danse est vécue intensément et partagée généreusement avec le public.
Initiée au chant et aux danses des gitans du Râjasthân, Maria Robin met au service de son art le fruit des années passées à étudier à Jaïpur auprès de Gulabi Sapera, une femme qui avait révolutionné la kalbeliya en en faisant une expression individuelle, et à accompagner son père, le musicien Thierry Robin, sur scène.
Imprégnées par la même sensibilité artistique, Sarah Avril et Maria Robin, qui est dotée d’une jolie voix, nous plongeront au coeur de l’univers tzigane, en empruntant à la danse kalbeliya ou orientale, un vocabulaire gestuel qui souligne leur parenté tout en respectant leur spécificité.

Vendredi 2 et samedi 3 novembre 2007
20h30 à l’Auditorium

Orientalflamenco
avec l’ensemble de Terres Mêlées
création : Bernard Abitbol et Anne Benveniste
sous la direction artistique d’Adel Shams El Din

Orientalflamenco mêle chants, musiques et danses issus du Maghreb et du Proche-Orient, et fait la part belle au flamenco. Il met en avant l’art chorégraphique oriental et flamenco dans leurs particularités et les fait s’accorder avec bonheur dans leurs différences.
Bien loin des clichés de danse du ventre, la danse orientale est ici d’une évidente modernité, et le flamenco, en gardant sa forme authentique, s’accommode à merveille de l’espace scénique. Le contraste est frappant entre les deux expressions; il s’en dégage pourtant comme une familiarité, due sans doute à leur héritage commun.
Sous la direction d’Adel Shams El Din, virtuose de la percussion, huit musiciens se répondent sur scène et accompagnent le chant et la danse. Une grande place leur est accordée pour exprimer leurs sensibilités au sein du groupe, tant dans les oeuvres communes que dans les solos improvisés.
Les styles de danse, classique et populaire, se succèdent, reflétant tour à tour mélancolie, joie et exubérance dans un esprit très festif. Le baladi, musique populaire d’improvisation, ou le sharqi (mode oriental), dans un genre plus classique, côtoient l’alegria, le tango ou la buléria et sont toujours étroitement liés à la danse. Les pièces sont dansées en solo ou en duo et chorégraphiées ou improvisées selon l’inspiration des danseuses et des musiciens qui se retrouvent dans une rencontre complice.

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Jeudi 15 novembre 2007
20h30 à l’Auditorium

Traversées
avec la Compagnie Adelante

«Traversées», c’est d’abord l’histoire d’un voyage. Des femmes traversent la mer, rêvant d’amour et de gloire. A l’arrivée, ces rêves sont brisés par la violence et la mort. Commence alors une autre traversée, celle du désert. Pour y survivre, elles doivent faire le deuil de leur vie passée, trouver une autre issue. Dans la simplicité et la dignité et à travers une quête initiatique faite de métamorphoses, elles apprendront à danser leur vie. Cette représentation est née à la résidence Pauline Roland, un foyer parisien pour femmes en difficulté, et s’est développée à partir d’ateliers de création. Guidés par Nada Chouaib, l’âme de la Compagnie, plusieurs groupes de danseurs se sont succédés pour nourrir le projet de leur personnalité et de leur créativité.
Danseuse-chorégraphe libanaise, Nada est elle-même une grande voyageuse et une artiste cosmopolite. Née à Beyrouth, elle a vécu au Mexique, au Gabon et en Italie et, parallèlement à la danse, elle se consacre à la recherche sur l’environnement (océan et climat) à l’IRD (Institut de recherche pour le développement). Dotée d’une solide formation à la danse orientale, acquise en France, au Liban, en Egypte, en Italie et en Allemagne, elle a également étudié le contemporain ainsi que diverses techniques corporelles d’essence asiatique, ibérique ou africaine. Lors de ce spectacle aux accents orientalo-contemporains, elle aura pour partenaire la Japonaise Hiroko Soulard-Dohi, Jasmine, enseignante en danse orientale, Monica Roncon, reine de la fusion tsigano-orientale, et Henda Zine, adepte, notamment, du modern jazz.


Samedi 17 novembre 2007
20h30 à l’Auditorium

Odyssée égyptienne
avec Serena et Hossam Ramzy

Serena est née au Brésil et Hossam au Caire. Si l’on peut attribuer leur rencontre au « mektoub » (destin), elle est plus sûrement liée à leur dénominateur commun : la danse orientale.
La passion de Hossam pour la musique s’est affirmée à un âge où ses petits camarades préféraient jouer aux billes sur les bords du Nil. Ses talents de percussionniste, reconnus mondialement, ont été, d’abord, approuvés par les plus grands professeurs du Caire.
Les particularités sonores de ses arrangements de cordes, aux consonances arabes et nord-africaines, la percussion et les rythmes électrisants gravés sur ses albums ont fini par retenir l’attention de Peter Gabriel. Ses arrangements pour cordes et percussion ont, par la suite, séduit des artistes de renommée internationale comme Tarkan ou les Gypsy Kings, ainsi que Khaled, Rachid Taha et Faudel, pour les besoins du concert « 1, 2, 3… Soleils ».
Cette fois, Hossam et Serena Ramzy, sa complice à la ville comme à la scène, nous invitent à les suivre dans une Odyssée Egyptienne dédiée aux figures mythiques du patrimoine culturel de la terre des pharaons.
Pour débuter ce voyage, ils ont délibérément choisi une incursion dans le répertoire classique égyptien, raffiné et intemporel, en hommage à la fine fleur de la chanson égyptienne symbolisée par la majestueuse Oum Kalsoum et l’incomparable Mohamed Abdel Wahab. Le tout sera interprété par six musiciens hors pair : Emile Bassili au violon,Wadie Nossier à la flûte-ney, Josef Iskander et Hassan Reeves à la percussion, Sheikh Taha à l’accordéon et El Gamal El Soghayyar au synthétiseur.
Incarnée ici, de manière suave et délicate, par Serena, la danse orientale se veut une ode à la féminité par l’utilisation du mouvement pour exprimer au plus près une émotion et souligner des sentiments.

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Samedi 24 novembre 2007
20h30 à l’Auditorium

Mosaïque
avec la Compagnie Transdanse
sous la direction d’Elhadi Cheriffa

La danse passion, certes, mais aussi et surtout lien social et culturel. Telle est la conception de cette compagnie prestement dirigée par l’immense Elhadi Cheriffa, l’homme aux 47 ans d’expérience. Fort d’une vision théâtrale et contemporaine des danses du Maghreb et du Proche-Orient, il utilise, avec le soutien de ses huit danseuses, les mouvements particuliers du corps, l’ondulation, la vibration et le tremblement, et met en scène la performance physique sous forme de merveilleux tableaux.
« Mosaïque », riche en musiques, signées Idir, Cheikha Rimitti, Naïma Ababsa, Najwa Karam ou Baly Othmani, est d’autant admirable par sa gestuelle digne des mille et une nuits, pleine de grâce, de tendresse et de poésie. Il est en phase avec ce qu’écrivait la fine connaisseuse Maïté Fossen : « La danse interroge le corps social et le corps quotidien autour d’elle. Les événements qu’elle traverse avec eux. Les danseurs portent cette histoire, mémoire voyageuse de leurs corps. Ils la font vivre, la renouvellent, l’écrivent (…) ». Elhadi n’en pense donc pas moins lorsqu’il affirme: « Je travaille au sein d’un noyau créateur. Je crois très fort à tout ce qui se construit à partir d’une histoire, d’une musique. Toute création est une expérience commune qui comporte une certaine part de risque. « Mosaïque » est une aventure d’équipe». Le fait est vrai, mais il doit beaucoup à Cheriffa, formé à la fameuse Académie du Bolchoï Théâtre de Moscou et à l’Ecole supérieure de chorégraphie de Paris, qui a su prendre avantage de ces précieux enseignements pour les confronter à la culture de ses racines.

Vendredi 30 novembre et samedi 1er décembre
20h30 à l’Auditorium

Une nuit au bord du Nil
avec la Compagnie Djamila Henni-Chebra

Le tarab, ou l’émotion collective du public « arabe » produite par le chant, la musique et la danse, tel est le thème central de cette nouvelle création, qui, selon son auteur, Djamila Henni-Chebra, « paraît fondamental dans la culture orientale et lui donne tout son charme ». Le fait est attesté, dès le Xe siècle, dans le magnifique Kitab al aghânî (Le livre des chansons) d’Al Isfahâni. Dans la tradition populaire arabe, le chant occupe une place importante et ce, depuis le Moyen Âge, tant la beauté vocale et la puissance émotionnelle des paroles provoque chez certains cet état cité plus haut, pouvant mener à la transe.
« Une nuit au bord du Nil » en a fait sa référence, avec des extraits de chansons très connues dans le monde arabe. Trois tableaux rythmeront le spectacle, avec en ouverture, le Caire animé des années 1950-1970 et son bouquet d’airs empruntés à Farid El Atrache, Oum Kalsoum, Mohamed Abdel Wahab, Chadia ou Abdel Halim Hafez. Suivra un retentissant hommage au meilleur chorégraphe égyptien, disparu en mars 2006, Ibrahim Akef, sous forme de danses sur des musiques d’Oum Kalsoum. Le dernier volet évoquera les almées, danseuses égyptiennes qui incarnaient, entre 1930 et 1960, l’art populaire de leur pays. Aux côtés de Djamila Henni-Chebra, remarquable directrice artistique, on découvrira, entre autres, l’excellent chanteur et luthiste Aziz Kossaï, le violoniste Ridha Benmansour, le maître de la cythare-qanoûn Iyad Aimour et la danseuse Nadia Saiji.


Les 21 et 22 décembre 2007
20h30 à l’Auditorium

Hadda ou les lumières de l’Orient
avec la Compagnie Annaba

Il était une fois, dans un village du Moyen-Orient, une petite fille prénommée Hadda. Lors d’un jour de fête, elle apprend la venue d’une almée qui, dit-on, arriverait de la « Cité des danses », source de beauté et de mystère. Fascinée, Hadda décide de s’aventurer sur le chemin qui mène aux « Lumières d’Orient ». Les spectateurs ne vont pas seulement apprécier une histoire que l’on raconte. Ils découvriront également toute une ambiance que le conteur, en véritable fil conducteur, crée autour de cette fable (danse orientale, théâtre, mise en scène, musique, décors, costumes…). Pour donner plus de relief au récit, les personnages nous transmettront leur passion au travers d’un « métis…âge », expression même d’une nouvelle forme de danse. Entre réalité et imaginaire, Hadda parviendra- t-elle à atteindre les « Lumières d’Orient » ?
La réponse sera réservée à ceux qui, adultes et enfants, se piqueront de curiosité pour ce spectacle imaginé par Hayat Harchi. Native de Casablanca (Maroc) et formée en Egypte, cette danseuse se veut la fédératrice d’un nouveau style et d’une nouvelle image de la danse orientale à travers un « remixe » de la forme ancestrale. Hayat, fondatrice de la Compagnie Annaba en 1997, s’investit aussi dans le social en écrivant divers projets destinés aux quartiers difficiles.

Site de l’IMA.

Voir ausssi le forum de la danse orientale.