La mer Morte menacée de mourir

mer morte

D’après cité-sciences, la mer Morte ne serait plus qu’une flaque d’eau salée en 2050 si rien n’est fait d’ici là. Alors comment peut-on la sauver ? Scientifiques et géologues ont imaginé ensemble une solution et ont mis à jour un vaste projet qui est sur le point de se réaliser…

La question posée par le magazine cité-sciences est simple : Comment ressusciter la mer Morte avant qu’elle ne devienne une simple flaque d’eau salée ? Et pour la sauver, on imagine aujourd’hui ouvrir un canal entre la mer Rouge et la mer Morte.

En quelques années et avec une vitesse presque vertigineuse, la mer Morte s’est vue reculer de plusieurs centaines de mètres. Autour, la désertification s’intensifie avec la perte de milliers d’arbres sur les deux rives de la mer. A la place des arbres, paraissent même des crevasses ici et là, défigurant ainsi le paysage presque comme une désolation. En fait, ces crevasses apparaissent les unes après les autres, au fur et à mesure que la mer Morte se retire. Ce sont d’anciennes poches de sel que les eaux souterraines emportent désormais vers le lac. Le résultat est là : le sol s’effondre, engloutissant tout ce qui se trouve en surface : arbres, maisons, routes, poteaux électriques… Ce sont là les effets et les cicatrices de la lente mort de la mer Morte. En 45 ans, sa surface s’est déjà faite réduite d’un tiers avec une baisse de niveau d’un mètre par an.

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Mais la mort de cette mer n’est pas due uniquement au réchauffement climatique, car d’après les scientifiques, un lac aussi salé ne perd que peu d’eau par évaporation. Si elle disparaît, c’est surtout parce que plus aucune goutte d’eau fraîche ne lui parvient du Jourdain. La raison est évidente : l’agriculture intensive. Mais bien sûr, ce n’est pas la seule raison de l’assèchement de la mer Morte. L’autre raison réside dans la convoitise de la part d’industries minérales qui y trouvent là du potassium, du magnésium ou encore du brome en grande quantité. Et leur processus d’extraction entraîne chaque année la disparition de près de 800 millions de mètres cubes d’eau !

La solution ?

Depuis dix ans, les experts réfléchissent à la question et plusieurs projets ont été proposés, voire initiés avant d’être finalement abandonnés, plombés surtout par une situation politiques tenue entre les pays riverains. Le dernier projet en date, "canal de la Paix", paraît néanmoins le plus apte à aboutir. Soutenu par la Banque mondiale, les trois parties concernées (Israël, Jordanie et Autorité Palestinienne) ont en effet signé en décembre 2006 le lancement d’une étude de faisabilité.

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Un canal devrait traverser toute la région désertique d’Arava, à la frontière entre la Jordanie et Israël, soit environ 200 kilomètres le long de la faille du Rift. Le but est clair : alimenter la mer Morte à partir de la mer Rouge. De plus, profitant du différentiel d’altitude entre les deux mers, le projet sera l’occasion de fabriquer de l’électricité, laquelle servirait notamment à faire tourner une station de désalinisation et produire de l’eau potable.

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Bien que bénéfique, ce projet ne fait pas l’unanimité. Les scientifiques pensent qu’Introduire de l’eau salée en grande quantité perturbera automatiquement l’écosystème de la mer Morte, car à l’origine, elle est alimentée par l’eau fraiche venant du Jourdain. Plus gênant encore : l’apport de phosphates et de nutriments provenant de la mer Rouge pourrait entraîner une prolifération d’algues vertes, dont personne n’est capable de mesurer ni l’ampleur ni la durée. D’où l’opposition du secteur du tourisme vis-à-vis de ce projet. D’autres pensent que l’appel d’eau créé par le canal va engendrer des courants ainsi qu’une turbidité qui modifiera l’écosystème du golfe d’Aqaba. Sans oublier le risque d’un point de vue sismique pour la région d’Arava traversée par le canal. En effet, les nappes d’eau souterraines, seules ressources en eau fraîche dans la région, sont peu profondes. Il existe donc un risque de contamination des aquifères si le canal déborde, fuit ou viendrait à être détruit.

En attendant de voir ce projet validé, d’autres rêvent plutôt de revenir à la source en soignant l’origine du mal. En effet, tout le monde s’accorde à dire que le remède le plus logique et le plus écologique serait de redonner vie au Jourdain pour qu’il alimente à nouveau la mer Morte. La rivière est aussi à l’agonie et il faut lui prêter autant d’attention qu’à la mer Morte. Et pour la réhabiliter, cela nécessiterait d’abord de modifier la politique agricole, ce qui entrainerait la privation de la région du bas Jourdain d’un apport économique non négligeable. Sans oublier ce que cela pose comme problèmes politiques… Les volumes d’eau prélevés par les trois pays riverains ne sont pas du tout du même ordre de grandeur. Ainsi pour sauver la mer Morte de la mort, il faut d’abord et avant tout passer par un règlement politique qui englobera un partage équitable des ressources de l’eau dans la région…

Source : article écrit par Lise Barnéoud sur cite-sciences.fr

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