Ça s’est passé en Israël. Des dignitaires religieux musulmans, druzes, chrétiens et juifs se sont réunis au mois de décembre dernier pour dialoguer et débattre d’un scénario pour résoudre les conflits… Il s’agit de la troisième réunion du conseil des responsables religieux, un rassemblement créé il y a tout juste deux ans…
Dans le contexte tendu du conflit israélo-palestinien, la rencontre n’est pas anodine. Loin de là. Il contrebalance en quelque sorte le discours des intégristes de deux camps et qui pointent la religion du camp d’en face comme « l’ennemi à abattre ».
La première réunion était organisée par le grand rabbin d’Israël, c’était il y a deux ans. Elle avait déjà rassemblé plus d’une centaine de dignitaires religieux: six religions en terre de Palestine avec leurs douze variantes-confessions différentes. Tous, ils avaient alors signé une sorte d’engagement solennel de coopération, de respect mutuel et de dialogue interreligieux basé sur la reconnaissance de leur « humanité commune ». Les mots avaient, et ont toujours, leur poids, car se reconnaître mutuellement et surtout reconnaître à l’ennemi le « statut d’humanité », encore une fois, dans le contexte du conflit israélo-arabe, ce n’était pas une mince affaire, venant de surcroit de la part des religieux.
Pour la troisième édition, les choses étaient différentes, car le conseil a voulu dépasser les simples discours officiels faits sur des tribunes. Cette fois, des ateliers ont été organisés et des tables rondes autour des thèmes comme « le rôle des religieux en temps de crise ».
Scénario imaginaire
Mais le plus intéressant de cette réunion, c’est le scénario imaginaire que les participants ont mis sur la table. Le concept a été proposé et dirigé par le Centre de Résolution de Conflit, un organisme dépendant de l’université Bar-Ilan en Israël. Il s’agit donc de proposer aux participants un scénario où les auteurs et les acteurs sont les protagonistes eux-mêmes.
Le scénario est à l’image de la réalité, il décrit une ville ravagée par les tensions ethniques et religieuses. Divisés en trois groupes, les dignitaires religieux devaient faire des propositions concrètes. Un groupe devait proposer des recommandations pour prévenir les conflits. Un autre devait traiter et débattre du rôle des dirigeants religieux dans le développement d’un différend. Et le dernier groupe devait avancer des solutions d’après crise, juste après la fin du conflit dans la ville.
L’intérêt de ces « travaux pratiques », c’est que c’est pour la première fois, les rencontres ont dépassé l’allure d’un meeting et que les dirigeants religieux de cette partie du Moyen-Orient se sont mis à travailler ensemble et à imaginer les solutions possibles, en amont et en aval de leurs différends. Dommage que ce genre d’expérience positive ne soit pas repris par les médias, au lieu de nous asséner des images qui ne représentent que le coté négatif du puzzle géopolitique du Moyen-Orient. Source David Rosen, via CGN. Photo.