Au cœur du Caire en Egypte, plusieurs bidonvilles sont amenés à disparaître progressivement. Des programmes ambitieux de relogement sont érigés loin du centre ville. Mais un revers de la médaille persiste, un dilemme de taille: quitter son bidonville pour perdre son emploi, que choisir ?
Avec ses 18 millions habitants, Le Caire est la plus grande ville du Moyen-Orient et de l’Afrique. La densité est telle qu’on peut trouver actuellement près de 80 bidonvilles repartis aux environs de la ville. Ces bidonvilles font partie du paysage cairote, presque avec indifférence. Jusqu’au jour, en 2008, lorsqu’un effondrement dans un de ces bidonvilles de la ville a provoqué la mort d’une centaine d’habitants. Depuis, les autorités ont décidé de prendre les choses en main et de tenter de changer les cours des événements. Ainsi, elles ont identifié les bidonvilles les plus délabrés et les dangereux pour déloger les habitants, les reloger ailleurs, à une soixantaine de kilomètres, dans le désert.
En dépit de cet effort considérable pour fournir à des milliers de familles vivant dans ces bidonvilles délabrés de nouveaux logements plus décents, le nettoyage de ces quartiers pose d’autres problèmes à ne pas négliger.
Certains rêvaient d’avoir enfin un tel logement magnifique dans un quartier résidentiel et moderne. Mais que faire lorsqu’en démangeant on perd la seule activité qu’on a exercée dans sa vie ? C’est cas des pêcheurs par exemple, la pêche au bord du Nil, une activité qui fait vivre beaucoup de gens dans ces quartiers. Or, que peut faire un pêcheur si on l’installe dans le désert ? Mais il n’y a pas que les pêcheurs. C’est le cas des vendeurs de rue qui gagnent leur vie en parcourant les rues du Caire sur une charrette tirée par un âne. D’autres utilisent le même type de charrette pour collecter des bouts de métal et de plastique qu’ils revendent ensuite pour survivre. Vont-ils faire un chemin de 60 kilomètres pour gagner leur vie? La chose devient évidement beaucoup plus problématique.
Sans doute, les autorités misent sur la reconversion professionnelle ? En attendant ce relogement obligent les relogés à parcourir des dizaines de kilomètres quotidiennement pour retrouver leurs bateaux au bord du Nil ou leurs charrettes. Dans une ville aussi peuplée et où les transports en commun ne sont pas assurés au mieux, c’est compliquer la vie de ces gens.
Mais ce relogement pose d’autres problèmes qui ne résolvent pas forcément le problème initial, à savoir la concentration des populations. Souvent les familles relogées trouvent des chambres à louer en centre ville, à proximité de leur lieu de travail au Caire. Ainsi, ils travaillent en ville la semaine, pour repartir dans leurs nouveaux quartiers le Week-end. Autrement dit, le problème des populations « sur-concentrées » dans les bidonvilles est loin d’être résolu. Il y a même un effet de « cercle vicieux » d’où il est difficile de sortir. IRIN. PHoto: Sebastià Giralt.