Dialogue à travers la littérature

littérature moyen-orient

L’Occident et l’Orient arabe dialoguent à travers la littérature. Entretien avec Ulrich Schreiber directeur du festival international de littérature de Berlin.

L’édition 2009 du festival international de littérature de Berlin a pour objectif de marquer un tournant dans les échanges littéraires entre l’Europe et le monde arabe. Le journaliste Mohamed Massad s’est entretenu avec Ulrich Schreiber.

Le thème du festival international de littérature de Berlin de cette année est le monde arabe. Qu’y-a-il au programme ?

Ulrich Schreiber : Le festival international de littérature de Berlin (ILB) est le plus international des événements de ce genre. Chaque année, nous invitons plus de 150 auteurs de prose et de poésie, venant d’une cinquantaine de pays des cinq continents, pour présenter et commenter leurs ouvrages dans le cadre de 300 rencontres. Dans la catégorie « Réflexions », nous traitons de sujets politiques fondamentaux. Cette année, il y sera notamment question des différentes visions sur l’avenir du dialogue entre l’Occident et le monde arabe.

La catégorie « Parle, mémoire » est réservée à la lecture d’un éventail d’auteurs défunts – allant du poète de la Grèce antique, Homère, au poète palestinien Mahmoud Darwish, décédé l’an dernier.

La catégorie « Littérature internationale d’enfance et de jeunesse » est également importante au sein du programme. Sur les 30 000 visiteurs que nous accueillons, plus de 10 000 sont des écoliers prenant d’assaut le grand hall d’exposition berlinois, le Haus der Berliner Festspiele, pour nos lectures du matin. Ces dernières années, nous avons mis l’accent sur la littérature de jeunesse, en invitant des écrivains qui ont sorti un premier livre dans leur pays.

Le festival a également déjà accueilli plusieurs auteurs et musiciens arabes dans ses éditions précédentes. Désormais, nous souhaitons intensifier les contacts que nous avons établis et approfondir la connaissance de la littérature arabe en Occident.

Nous allons concentrer nos efforts sur la mise en place à Berlin d’une tribune offrant à nos invités du monde arabe la possibilité de présenter leurs écrits, leurs points de vue intellectuels, culturels et politiques d’une manière authentique. Le but est de répondre à la question : quels problèmes émeuvent le monde arabe ?

Est-ce la seule raison pour laquelle vous avez choisi le monde arabe comme thème de cette année ?

Etant donné les circonstances, je crois qu’il est désormais essentiel de promouvoir une meilleure compréhension des cultures arabes en Occident, pour parler simplement. Et pour ce faire, quel art est mieux placé que la littérature, qui nous révèle tout des souhaits, des attentes et des craintes les plus profonds des êtres humains?

Ainsi, le but du thème du monde arabe pour cette neuvième édition du festival international Berlin de littérature est de permettre à une audience intéressée d’accéder aux cultures de cette partie du monde, de promouvoir une compréhension mutuelle et d’encourager le contact entre les artistes, les responsables de l’industrie de la culture et les écrivains.

Quels étaient les critères de sélection pour les auteurs arabes ?

Pour commencer, j’aimerais dire que nous nous efforçons toujours de parvenir plus ou moins à une vue d’ensemble du terrain littéraire de la région choisie pour thème, et c’est le cas cette année, comme toutes les autres.

Notre critère principal est bien entendu la qualité littéraire. Nous avons été conseillés par des invités arabes des années précédentes, par des traducteurs de langue arabe, par des éditeurs européens de prose et de poésie arabes ainsi que par les Instituts Goethe sur place ; des écrivains du Caire, d’Alexandrie, de Ramallah, de Dubaï, de Beyrouth, de Damas et d’Israël – où l’on compte également de nombreux auteurs arabes – nous ont également aidés.

Nous voulions nous assurer que les plus grands écrivains du monde arabe participent au festival, mais aussi des auteurs plus jeunes qui n’étaient encore jamais venus en Allemagne.

Que pensez-vous des rencontres précédentes entre littératures arabe et allemande ?

Il existe déjà plusieurs projets culturels s’intéressant au dialogue entre l’Occident ou l’Europe et le monde arabe. Notre programme principal reprend l’esprit de ces projets – comme par exemple, le travail de Peter Ripken présenté au salon du livre de Francfort ou encore le Divan Orient-Occident, projet berlinois visant à améliorer la connaissance mutuelle de la littérature du Moyen-Orient et d’Allemagne, à travers des rencontres entre auteurs des ces parties du monde.

Nous avons très certainement constaté un plus grand intérêt pour la littérature et la culture des pays arabes depuis les événements du 11 septembre 2001 ; l’exemple le plus clair en est le salon du livre de Francfort de 2004 avec une forte présence de la littérature arabe. Cependant dans le fond, la réceptivité à la culture arabe n’a que très peu changé : les ouvrages arabes sont rarement publiés et lus en dehors du monde arabe. Quant aux rencontres, elles n’ont été que trop marginales jusqu’à présent.

Qu’attendez-vous du thème arabe du festival de cette année?

J’espère qu’il constituera un tournant de la communication, dans les domaines de la littérature et de la culture, avec le monde arabe, que des amitiés se tisseront, que les lecteurs allemands envisageront d’aller visiter ces pays et qu’ils y approfondiront leurs liens.

Source : Qantara.de via S. P. CGNews