Charte de la diffusion par satellite dans le Monde Arabe

Organisation de la diffusion par satellite dans le Monde Arabe

Les ministres de l’information de 21 pays arabes viennent d’adopter une charte intitulée "Principes pour l’organisation de la diffusion de la radio et de la télévision par satellite dans le monde arabe". Entre pour et contre, le document ne semble pas faire l’unanimité dans la sphère médiatique du Monde Arabe…

Ce document de 13 pages intitulé "Principes pour l’organisation de la diffusion de la radio et de la télévision par satellite dans le monde arabe" a été adopté sous l’impulsion de l’Egypte et de l’Arabie Saoudite. Les chaînes de radio et de télévision par satellite y sont invitées à exercer leur liberté d’expression de manière "responsable" et ne doivent pas porter atteinte aux "intérêts suprêmes des nations arabes".

Cette charte condamne toute "influence négative sur la société, l’unité nationale, l’ordre public ou les mœurs", et vise à protéger "l’identité arabe contre les effets pervers de la mondialisation". Une chaîne qui ne se conformerait pas à ce document pourrait voir sa licence suspendue.

En dépit de la sévérité des clauses susmentionnées, le document veille à ménager l’opinion publique et stipule que les peuples arabes "ont le droit de suivre les événements sportifs internationaux auxquels participent leurs équipes nationales, quel que soit le propriétaire des droits de diffusion".

Sur les 22 états membres de la Ligue Arabe réunis au Caire mardi dernier, seul le Liban s’est opposé à l’adoption de cette charte. Le Qatar, où siège la célèbre chaîne d’information Al-Jazira, s’est abstenu de voter.

A noter que l’adoption de ce document sans valeur contraignante a attiré l’attention de la presse et a déclenché dans la région une vague d’indignation parmi les professionnels des médias et les militants de la liberté de la presse. A leurs yeux, la charte représente une véritable menace pour la liberté d’expression et son objectif est de faire disparaître les chaînes par satellite. A l’inverse, d’autres considèrent que cette charte aura un impact positif sur les médias dans le monde arabe : "Certaines chaînes satellitaires sont sorties du droit chemin… On assiste en permanence à des infractions et il faut réagir fermement", a déclaré le ministre égyptien de l’Information Anas el-Feki.

D’après Magda Abu-Fadil, directrice du Programme de formation au journalisme de l’Université Américaine de Beyrouth, cette charte est le signe que les régimes souhaitent "renforcer leur pouvoir et réduire le droit à l’information de la population". "Etant donné le fort taux d’analphabétisme dans le monde arabe, la télévision et la radio représentent des supports d’information essentiels pour le public. La population arabe serait littéralement asphyxiée si on lui enlevait la source d’informations audio-visuelles dont elle a besoin", a ajouté Magda Abu-Fadil.

Al-Jazira sort les griffes
Suite à l’adoption de la charte, la chaîne panarabe d’information Al-Jazira a diffusé vendredi un communiqué dénonçant vivement cette initiative, la qualifiant de "danger pour la liberté d’expression dans le mode arabe". "Tous les codes d’éthique organisant la profession doivent émaner des journalistes eux-mêmes et ne doivent pas être imposés de l’extérieur par les institutions politiques", a déclaré le directeur général d’Al-Jazira, Wadah Khanfar. "De nombreux médias ont fait leur apparition dans la région ces dernières années : tout devrait être mis en œuvre non pas pour leur porter atteinte, mais pour créer un environnement favorisant leur indépendance et leur liberté d’expression".

Des chaînes satellitaires condamnées à l’exil
Avec à l’horizon des lois supprimant potentiellement la liberté de diffusion, certains se demandent si l’adoption de la charte entraînera le départ des chaînes importantes du monde arabe vers d’autres cieux, tandis que d’autres évoquent plutôt la prévention et la recherche d’autres solutions.

Source APN.

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