Le Crac des Chevaliers

Le Crac des Chevaliers syrie

Dominant la plaine d’Al Bukeia en Syrie, le Crac des Chevaliers fait partie d’une série de forteresses défensives qui parcourent le long la côte Est de la méditerranée. Cette forteresse est l’une des plus imposantes et impressionnantes et la mieux conservée.

Placé sur une colline de 500 mètres de hauteur, le Crac contrôle la transpercée d’Homs, point stratégique au carrefour des routes reliant Antioche, au nord, à Tyr et Beyrouth, au sud.

Le Crac des Chevaliers syrie

C’est sous la domination des Omeyyades que la construction du Crac se fait sur des fortifications byzantines anciennes pour bâtir un palais avec des jardins arrosés par l’Oronte. Quelques siècles plus tard, les Fatimides chiites fondent une dynastie en chassant du pouvoir les Abbassides. Leur règne s’étend alors du Maghreb jusqu’en Palestine au XI ème siècle. En 1055, les Seldjoukides, des turcophones islamisés se lancent à la conquête du Moyen-Orient. Vite leur califat parvient à s’étendre sur l’Anatolie, la Syrie et la Palestine jusqu’aux frontières de l’Égypte fatimide.

C’est plus précisément en 1031 que les Abbassides installent une garnison kurde sur le site du Crac afin de résister aux attaques des Seldjoukide. Depuis, la forteresse est connue sous le nom de Qalaat al-Husn (forteresse de la défense).

La première croisade des Européens a lieu en 1099. La garnison kurde du Crac fut évincée par Raymond de Saint-Gilles qui abandonna les lieux aussitôt arrivé car son objectif visait avant tout la ville sainte de Jérusalem. C’est finalement Tancrède, le régent d’Antioche, qui s’empara de la forteresse en 1110. Il y installa une garnison franque sous l’autorité du comte de Tripoli.

L’importance du Crac ne cessait d’augmenter au fur et à mesure de l’avancement des Croisés vers l’est. Ainsi, le coût de sa maintenance obligea Raymond II à le confier à la garde des Chevaliers Hospitaliers en 1142. C’est donc à partir de cette date que la forteresse se nommait le Crac des Chevaliers. Et c’est justement sous l’impulsion de ces Hospitaliers que plusieurs autres bâtisses défensives furent construites dans les environs. Le Crac fut également relié à cette époque par signaux de feu et par pigeons voyageurs aux autres fortifications des Croisés.

En 1158, un tremblement de terre détruisit le château et le grand maître des Hospitaliers, Raymond du Puy, le fit restaurer. D’un autre côté, après l’échec du siège de Damas par la deuxième vagues des Croisés, un front musulman uni se dessina et la pression sur les Croisés fût encore plus forte. A partir de 1163, les musulmans tentèrent à plusieurs reprises de s’emparer du Crac mais leurs armées furent mises en débâcle au pied de la forteresse. Même Saladin qui avait su infliger de nombreuses défaites aux Croisés dans la région, il ne put s’emparer du Crac des Chevaliers. A la fin du XII ème siècle, la forteresse entra dans un âge d’or. Elle couvrait alors une surface de 2.5 hectares et hébergeait une garnison de 2000 hommes. Elle possédait également des vivres pour cinq ans.

Vers la seconde moitié du XIIIe siècle, la garnison était réduite à moins de 300 hommes. Ainsi, et en 1271, le Crac avait commencé par céder aux attaques des Mamelouks. Les Chevaliers finirent par négocier leur vie contre la promesse de retourner dans leur pays d’origine.

Les Mamelouks, les nouveaux maîtres du Crac, l’utilisèrent et le modifièrent en le renforçant et en ajoutant un hammam et un aqueduc, mais son intérêt stratégique diminuait petit à petit. Tellement affaibli d’ailleurs que les invasions mongoles et ottomanes ignorèrent presque son existence.

C’est en 1859 que le château servit de résidence à un gouverneur. En 1920, le Crac passa sous contrôle du mandat français. Pour la restauration du Crac, les Français ont fait reconstruire le village qui s’était installé dans ses murs. En 1948, le Crac passa finalement sous le contrôle de la Syrie lors de son indépendance. Le Crac est aujourd’hui un site touristique incontournable dans la région.