En 1929, en plein mandat français en Syrie, une mission archéologique a découvert des tablettes d’argile inscrites dans une langue inconnue alors ! C’était près de Lattaquié, sur une colline au nom de Ras Al Shamra. Depuis, l’on sait déjà qu’on venait de déterrer le premier alphabet au Monde.
Outre la découverte du très vieil alphabet, les archéologues venaient de dépoussiérer un site d’une valeur inestimable : la Capital du Royaume d’Ougarit. Une autre nouveauté ne tarda pas à paraître aux yeux du Monde. L’ougaritique, cette langue qui utilisait des signes cunéiformes, avait en plus un système alphabétique, ce qui n’était pas le cas chez toutes les civilisations proches de la Mésopotamie.
Mais depuis les débuts du siècle dernier, l’on sait davantage sur ce royaume. Les fouilles ont montré que le débouché maritime d’Ougarit se trouvait sur le site de Minet El-Beida à deux kilomètres de Ras Al Shamra. Quelques années plus tard, une autre localité relevant du même royaume a été découverte à Ras Ibn Hani à 5 kilomètres du site originel… Les découvertes fussent nombreuses : bien d’autres petites agglomérations éparpillées ici et là sur l’étroite fenêtre maritime de la Syrie, coincée entre la Turquie et le Liban, qui ont pu dévoiler d’autres petits secrets sur ce royaume méconnu.
En fait, c’est à un paysan inconnu que l’on doit l’élément déclencheur de cette découverte. Ca se passait en 1928, le villageois labourait son champ au bord de la baie quand sa charrue accrocha une dalle dure qui recouvrait tout simplement une tombe. Vite la découverte fût signalée aux autorités françaises et un archéologue fut vite dépêché sur place. C’est alors le début d’une grande série de découvertes… Les petites tablettes alphabétiques s’entassaient jours après jours, jusqu’à la constitution d’une véritable bibliothèque, un trésor qui allait nous livrer l’histoire d’un royaume ainsi que le premier alphabet au Monde.
Actuellement, les fouilles ont mis au jour des quantités inestimables de tablettes d’argile, de statuettes de bronze ou d’ivoire, de pendentifs, de coupes d’or, de sceaux-cylindres, de stèles représentant des dieux, d’outils d’apparat, de plaquettes sculptées dans de l’ivoire, de la céramique et du bronze…
La plupart de ces pièces sont conservées dans les musées de Damas d’Alep et de Lattaquié mais l’on peut trouver quelques pièces au Louvre et au Musée des beaux-arts à Lyon.
Aperçu historique :
L’occupation de Ras Al Shamra est remonte au VIIIe millénaire avant J.-C. La prospérité d’Ougarit est liée à sa situation géographique, au bord de la mer et au débouché d’une route qui joint la Méditerranée à la Mésopotamie. Une position qui donne au royaume la possibilité de devenir une plaque tournante de la Méditerranée orientale. Bientôt, cette même position géographique va lui donner des talents diplomatiques, seule possibilité pour garder l’indépendance.
Comme beaucoup de civilisations de la région, la disparition d’Ougarit serait liée aux peuples de la mer. En effet, les sites du Royaume d’Ougarit montrent des traces d’incendies violents vers 1185 avant J.-C. L’antique civilisation ougaritique ne se remettra jamais.
Ras Shamra-Ougarit, les textes para-mythologiques de la 24e campagne