The Prayer of Anxiety : un roman égyptien sur la peur et l’espérance

The Prayer of Anxiety : un roman égyptien

Publié en arabe et récompensé par le Prix international de la fiction arabe 2025, The Prayer of Anxiety de l’écrivain égyptien Mohamed Samir Nada plonge dans la vie d’un village isolé. Entre peur, foi et incertitudes, le roman donne voix à une communauté partagée entre traditions étouffantes et bouleversements modernes, miroir des fractures sociales et politiques de l’Égypte contemporaine.

Un village comme microcosme

Le roman se déroule dans le village de Nag’ Al-Manassi, en Haute-Égypte, isolé et presque oublié. Les habitants vivent dans la conviction qu’un champ de mines entoure leur territoire, rendant toute tentative de fuite mortelle.

Le monde extérieur reste flou et inaccessible : on ne sait que peu de choses, sinon qu’une guerre oppose l’Égypte à Israël depuis 1967 et que, selon les villageois, l’ennemi pourrait chercher à envahir l’Égypte à travers Nag’ Al-Manassi, présenté comme la première ligne de défense de la frontière.

Une intrigue entre guerre, épidémie et mystère

Khalil Al-Khoja, représentant des autorités, est le seul lien des villageois avec l’extérieur. Il contrôle le commerce vital, publie un petit journal local intitulé La Voix de la guerre et commence à enrôler les habitants.

Un jour, un objet inconnu — peut-être une météorite ou un satellite — s’écrase sur le village. Peu après, une épidémie défigure la population, y compris les nouveau-nés. Dans le même temps, une main mystérieuse commence à inscrire sur les murs du village les péchés cachés de chacun.

Pour conjurer le mal, le cheikh local invente une nouvelle prière : la « Prière de l’Anxiété ».

À travers les voix de huit personnages différents, les lecteurs découvrent l’histoire du village, de la Naksa de 1967 (la guerre des Six Jours) jusqu’à l’épidémie, dans une mosaïque où se mêlent peur, foi, culpabilité et illusions politiques.

Les thèmes majeurs

  • Anxiété collective : le roman met en lumière une communauté piégée dans la peur et l’attente d’un avenir incertain.
  • Religion et superstition : la prière et la croyance apparaissent comme des refuges, mais aussi comme des symptômes d’un désarroi existentiel.
  • Pouvoir et oppression : la figure de Khalil Al-Khoja illustre le rôle des autorités dans le contrôle social et économique.
  • Mémoire de la Naksa : l’ouvrage interroge le récit arabe de la défaite de 1967 et les illusions de victoire qui ont suivi.

Un style réaliste et poétique

Mohamed Samir Nada mêle réalisme social et dimension symbolique. Le quotidien du village est décrit avec précision, mais chaque élément — la mine invisible, l’épidémie, les inscriptions sur les murs — devient une métaphore politique et existentielle.

La polyphonie des voix permet de refléter la pluralité des expériences, tout en dessinant un portrait collectif d’une société en crise.

Réception et portée

En remportant l’International Prize for Arabic Fiction 2025, The Prayer of Anxiety a acquis une reconnaissance internationale. Le roman séduit par sa richesse narrative et sa capacité à transformer l’histoire d’un village en réflexion universelle sur la peur, l’attente et la quête de vérité.

Sa traduction est attendue, pour permettre aux lecteurs non arabophones d’accéder à cette œuvre majeure.

Conclusion

Avec The Prayer of Anxiety, Mohamed Samir Nada signe une fresque à la fois réaliste et allégorique. À travers Nag’ Al-Manassi, c’est toute une société égyptienne — et au-delà, arabe — qui se révèle dans ses contradictions, ses illusions et ses blessures. Une œuvre littéraire qui explore la fragilité humaine face à la peur, mais aussi la persistance de l’espoir.

The Prayer of Anxiety de Mohamed Samir Nada

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