Gaza : Trump valide le plan Blair pour une Autorité internationale de transition GITA

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Vers une alternative crédible à la reconnaissance précipitée d’un État palestinien

Un projet international pour sortir de l’impasse

Depuis le début de la guerre à Gaza, la question du « jour d’après » reste un casse-tête insoluble. Entre les partisans d’une réoccupation israélienne, ceux qui défendent un retour de l’Autorité palestinienne (AP), et ceux qui appellent à une reconnaissance immédiate d’un État palestinien, aucun scénario n’a fait consensus.

C’est dans ce contexte qu’a émergé le plan porté par Tony Blair, ancien Premier ministre britannique, et désormais soutenu par Donald Trump. Selon des informations publiées par i24NEWS et le Times of Israel, ce projet prévoit la création d’une Autorité internationale de transition pour Gaza (GITA), placée sous mandat de l’ONU.

L’objectif est clair : assurer la gouvernance, la reconstruction et la sécurité de Gaza après la guerre, tout en évitant un retour du Hamas au pouvoir et sans remettre immédiatement les clés à une AP discréditée.

La GITA : gouvernance internationale et sécurité renforcée

Concrètement, la GITA serait mise en place par une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies. Elle disposerait d’un conseil d’administration de 7 à 10 membres, comprenant :

  • un représentant palestinien,
  • un haut responsable de l’ONU,
  • une forte représentation musulmane afin d’assurer une légitimité régionale.

Durant la phase transitoire, la GITA exercerait une autorité suprême sur Gaza, avec des compétences étendues en matière de gouvernance civile, de reconstruction des infrastructures, de gestion humanitaire et de sécurité.

Une Force internationale de stabilisation, mandatée par la communauté internationale, serait déployée pour empêcher toute résurgence du Hamas, sécuriser les corridors humanitaires et protéger les populations civiles.

L’Autorité palestinienne, de son côté, resterait associée mais dans un rôle secondaire et limité, avec une montée en puissance éventuelle conditionnée à des réformes et à sa capacité à assumer réellement ses responsabilités.

Le dilemme israélien

Le soutien de Donald Trump à ce plan marque une rupture. Le 27 août, lors d’une réunion organisée par Jared Kushner à la Maison Blanche, le président américain a affiché clairement sa préférence pour ce schéma, prenant ses distances avec l’idée controversée d’une « migration volontaire » des Gazaouis qu’il avait lui-même évoquée quelques mois plus tôt.

Pour Israël, cette orientation crée un dilemme stratégique. Le plan Blair évoque explicitement une unification future de Gaza et de la Cisjordanie sous l’AP, une perspective que Benjamin Netanyahou et une partie de son gouvernement rejettent.

Cependant, une alternative internationale crédible à la réoccupation israélienne pourrait être perçue à Jérusalem comme un moindre mal. Elle permettrait d’empêcher la résurgence du Hamas, tout en évitant à Israël la responsabilité directe du gouvernement civil à Gaza – une situation intenable à long terme.

Les acteurs régionaux au cœur du dispositif

Tony Blair a entamé une intense campagne diplomatique pour rallier les acteurs arabes clés : Arabie saoudite, Égypte, Qatar.

  • Riyad conditionne toujours son soutien à une perspective claire vers la création d’un État palestinien. L’Arabie saoudite veut apparaître comme garante d’une solution politique, dans la continuité de ses ambitions régionales.
  • L’Égypte voit dans cette formule une manière de contenir le Hamas sans être contrainte d’assumer seule la responsabilité de Gaza, ce qu’elle a toujours refusé.
  • Le Qatar, partenaire ambigu et soutien historique du Hamas, reste un acteur incontournable, en raison de son poids financier et de son rôle de médiateur dans la libération des otages.

L’adhésion de ces pays sera déterminante pour donner au plan une légitimité régionale et assurer son financement.

Un contraste frappant avec la stratégie française

Cette initiative internationale souligne par contraste les errements de la diplomatie française. Plutôt que de soutenir une formule pragmatique et réaliste pour gérer l’après-guerre, Emmanuel Macron a choisi la voie symbolique et périlleuse : reconnaître un État palestinien en pleine guerre.

Une telle reconnaissance, en l’absence de structures crédibles et stables, revient à :

  • récompenser la violence qui a conduit à la guerre,
  • renforcer une Autorité palestinienne corrompue et décrédibilisée,
  • isoler Israël au lieu de construire un cadre de stabilité.

Là où la France cède aux slogans et aux pressions idéologiques, le plan Blair cherche à bâtir une réalité institutionnelle solide.

Trois avantages stratégiques du plan Blair

L’initiative n’est pas exempte de défis – notamment la difficulté de garantir une réelle efficacité d’une structure internationale et le risque de blocages diplomatiques au Conseil de sécurité. Mais elle présente trois atouts majeurs :

  1. Neutraliser le Hamas : la présence d’une force internationale permettrait d’éviter la résurgence des groupes terroristes.
  2. Reconstruire Gaza : un cadre clair, financé et contrôlé par la communauté internationale, offrirait aux civils gazaouis une perspective concrète.
  3. Créer les conditions d’une gouvernance crédible : plutôt que d’imposer artificiellement un État palestinien, la GITA préparerait le terrain à une reprise progressive par des structures palestiniennes réformées.

Quel avenir pour Gaza ?

Le temps presse. « Nous n’avons pas de mois ni de semaines. Nous avons des jours », confiait récemment une source proche des discussions. L’urgence humanitaire et la lassitude régionale face à l’enlisement rendent indispensable une solution rapide.

Deux scénarios se dessinent :

  • Si la GITA est adoptée, elle pourrait constituer une étape réaliste vers une stabilisation progressive, ouvrant la voie à une nouvelle gouvernance palestinienne, débarrassée du Hamas.
  • Si elle échoue, Gaza risque de retomber soit dans le chaos et le retour du Hamas, soit dans une gestion forcée par Israël, avec tous les risques que cela porte sur le plan sécuritaire et de la tension au niveau régional.

Conclusion

Le plan Blair soutenu par Donald Trump ne résout pas toutes les contradictions, mais il offre un cadre concret pour sortir de l’impasse. Il marque un contraste saisissant avec la diplomatie française, qui a préféré les symboles creux à la construction d’une solution réaliste.

Dans l’histoire des conflits du Moyen-Orient, les slogans n’ont jamais fait la paix. Seules des structures solides, sécurisées et financées, peuvent offrir aux Gazaouis une chance de vivre autrement que sous la terreur du Hamas.

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