
À 40 ans, Mohammed ben Salmane (MBS) redéfinit l’Arabie saoudite et son rôle régional. Porteur de réformes économiques et sociétales audacieuses, il est aussi critiqué pour son style autoritaire. Entre ambitions de modernisation et défis persistants, MBS façonne un Moyen-Orient complexe.
Une nouvelle génération au pouvoir
Mohammed ben Salmane rompt avec la tradition monarchique saoudienne, marquée par la prudence et le consensus familial. Son approche centralisée et directe concentre le pouvoir, accélérant les décisions mais suscitant parfois des critiques internes et externes.
MBS cherche à transformer l’Arabie saoudite en une puissance régionale influente, moins dépendante du pétrole, tout en consolidant son autorité.
Vision 2030 : ambitions économiques sous tension
Le projet Vision 2030 en Arabie saoudite vise à diversifier l’économie saoudienne, historiquement centrée sur le pétrole.
- Des initiatives comme NEOM, la mégapole futuriste, ou le développement du tourisme et des énergies renouvelables ambitionnent de faire du royaume un hub technologique et économique.
- Ces projets attirent l’attention mondiale, mais leur faisabilité reste débattue, face à des défis logistiques, financiers et environnementaux.
Socialement, Vision 2030 cherche à répondre aux attentes d’une jeunesse nombreuse en créant des emplois qualifiés et en attirant des investissements étrangers. Toutefois, la dépendance persistante au pétrole et les inégalités socio-économiques demeurent des obstacles majeurs.
Réformes sociétales : progrès et limites
MBS a initié des réformes inédites dans un royaume conservateur :
- autorisation pour les femmes de conduire,
- ouverture de cinémas et de salles de concert,
- refonte des programmes scolaires,
- promotion du sport féminin.
Ces mesures modernisent l’image du royaume et séduisent une partie de la jeunesse. Mais elles restent limitées par un contrôle social strict.
À l’international, Riyad mise sur le soft power : organisation d’événements sportifs mondiaux, investissements massifs dans le football européen, voire même dans l’art contemporain. Ces efforts améliorent l’image et l’attractivité du royaume mais ne dissipent pas les critiques de certains.
Une diplomatie pragmatique dans un monde multipolaire
MBS adopte une diplomatie flexible pour repositionner l’Arabie saoudite.
- Le rapprochement avec l’Iran en 2023, facilité par la Chine, a marqué une volonté de désamorcer les tensions régionales.
- Avec Israël, des signaux d’ouverture émergent, même si le conflit à Gaza freine toute normalisation officielle.
- Riyad maintient un équilibre entre les États-Unis, la Chine et la Russie, diversifiant ses partenariats pour maximiser son influence.
Le retour de la Syrie dans la Ligue arabe, soutenu par Riyad, illustre cette approche pragmatique : réintégrer Damas dans le jeu régional après des années d’isolement.
Les défis et controverses
Aux yeux de l’Occident, le bilan de MBS serait terni par des dossiers sensibles :
- l’assassinat de Jamal Khashoggi en 2018, qui a affecté son image internationale,
- la guerre au Yémen, déclenchée en 2015, devenue une crise humanitaire majeure,
- la répression des opposants et militants, dénoncée par les ONG.
Ces controverses rappellent les contradictions entre le discours modernisateur et la réalité politique du royaume.
MBS, figure d’un Moyen-Orient en transition
Mohammed ben Salmane incarne une Arabie saoudite en pleine mutation, entre projets ambitieux et contradictions.
- Vision 2030 et les réformes séduisent une partie de la jeunesse arabe, qui y voit une modernité audacieuse.
- Mais les critiques d’autoritarisme et les tensions régionales montrent que cette transformation reste fragile.
À la croisée des chemins, MBS veut projeter l’Arabie saoudite comme une puissance globale. Son héritage dépendra de sa capacité à concilier ambitions de modernisation et réalités politiques.
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