Le Moyen-Orient, moteur émergent de l’économie mondiale

Le Moyen-Orient, moteur émergent de l’économie mondiale

Moyen-Orient : le nouveau centre de gravité de l’économie mondiale
Des fonds souverains saoudiens aux innovations israéliennes, en passant par les hubs émiratis et le soft power qatari, le Moyen-Orient s’impose comme un acteur clé de l’économie mondiale.

Le Golfe, au-delà du pétrole

Pendant des décennies, le Golfe a été perçu comme le “réservoir énergétique” du monde, alimentant l’économie globale en pétrole et gaz. Mais en 2025, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Qatar et, de plus en plus, Israël, redéfinissent leur rôle.

Ils ne se contentent plus d’exporter des hydrocarbures : ils investissent massivement dans la technologie, les infrastructures et le soft power, s’imposant comme un centre économique et stratégique incontournable.

En 2024, les pays du Golfe représentaient environ 15 % des investissements souverains mondiaux, grâce à des fonds comme le Public Investment Fund (PIF) saoudien ou l’Abu Dhabi Investment Authority (ADIA).

Entre mégaprojets futuristes, hubs logistiques et partenariats comme les Accords d’Abraham, le Golfe devient un pivot entre l’Asie, l’Afrique et l’Europe.

Question clé : Comment cette région est-elle passée de “station-service” à acteur clé de la géo-économie mondiale ?

L’Arabie saoudite : Vision 2030, un pari audacieux

Sous l’impulsion de Mohammed ben Salmane (MBS), l’Arabie saoudite ambitionne de devenir une puissance économique diversifiée avec Vision 2030. Ce plan vise à réduire la dépendance au pétrole, qui représentait encore 40 % du PIB en 2024, mais dont l’influence diminue grâce à des investissements stratégiques.

Les moteurs de la diversification

  • NEOM, un mégaprojet à 500 milliards de dollars, incarne cette ambition. The Line, une ville linéaire de 170 km sans voitures, promet de redéfinir l’urbanisme, bien que des critiques pointent son coût environnemental et sa faisabilité. En 2025, les premiers segments de NEOM attirent déjà des investisseurs tech internationaux.
  • Aramco, géant énergétique mondial, a généré un bénéfice net de 150 milliards de dollars en 2024 (selon les tendances 2023). Une partie de ces revenus finance des projets dans l’énergie verte et l’IA.
  • Le Public Investment Fund (PIF), avec plus de 1 000 milliards de dollars d’actifs en 2025, investit dans des secteurs variés : infrastructures (aéroports, smart cities), sport (Newcastle United, création de LIV Golf), et technologie (partenariats avec des startups IA).

Ambition : faire de l’Arabie saoudite un leader économique global, capable d’attirer multinationales et talents, tout en renforçant son influence géopolitique.

Les Émirats arabes unis : l’hyper-hub du futur

Dubaï, carrefour mondial

  • Dubaï s’est imposée comme un hub financier et logistique.
  • La zone franche de Jebel Ali accueille plus de 3 500 multinationales, tandis que le port de Dubaï gère 10 % du commerce maritime mondial.
  • En 2024, Dubaï a renforcé son attractivité avec des initiatives comme le Golden Visa, attirant entrepreneurs et investisseurs.

Abou Dabi, puissance financière

  • L’Abu Dhabi Investment Authority (ADIA), avec 950 milliards de dollars, est un géant mondial, investissant dans l’immobilier (Paris, Londres), l’IA et les énergies renouvelables.
  • Mubadala, avec 300 milliards de dollars d’actifs, a marqué les esprits avec des investissements dans SpaceX et des startups de santé, consolidant la position des Émirats dans la tech.

Un corridor stratégique

En 2023, les Émirats ont lancé le corridor IMEC (India-Middle East-Europe Corridor), une alternative aux routes de la soie chinoises. Ce projet, qui connecte l’Inde à l’Europe via le Golfe, positionne les Émirats comme un axe logistique central.

Stratégie : se positionner comme une plateforme incontournable entre l’Est et l’Ouest, combinant finance, logistique et innovation.

Le Qatar : gaz et influence mondiale

Petit par la taille, le Qatar compense par une ambition démesurée, portée par ses 12 % des réserves mondiales de gaz.

Une puissance énergétique

En 2024, le Qatar reste un leader du gaz naturel liquéfié (GNL), vital pour l’Europe post-crise ukrainienne. Les exportations de GNL ont atteint 80 millions de tonnes en 2024, renforçant l’influence de Doha.

Le Qatar Investment Authority (QIA)

Avec 500 milliards de dollars d’actifs, le QIA investit dans des actifs prestigieux : Volkswagen, Barclays, et Canary Wharf à Londres.

Soft power et visibilité

Le Qatar excelle dans l’influence culturelle et sportive :

  • Coupe du monde 2022,
  • propriété du PSG,
  • la chaîne Al Jazeera.

En 2025, Doha sponsorise de nouveaux événements comme des compétitions d’e-sport, pour capter un public jeune.

Stratégie : combiner énergie, investissements financiers et soft power pour rivaliser avec ses voisins saoudiens et émiratis.

Israël : l’innovation au cœur du Golfe

Depuis les Accords d’Abraham (2020), Israël s’intègre dans l’écosystème économique du Golfe, apportant son expertise technologique.

Un hub technologique

  • En 2024, les exportations technologiques israéliennes ont atteint 70 milliards de dollars.
  • Israël concentre 15 % des investissements mondiaux en cybersécurité.
  • Des champions comme Check Point ou Mobileye attirent les capitaux du Golfe.

Coopérations régionales

  • Énergie : exploitation du gaz méditerranéen.
  • Agriculture : technologies d’irrigation.
  • Santé : en 2024, partenariat entre Mubadala et OurCrowd pour financer des startups en santé numérique.

Rôle : Israël apporte son savoir-faire technologique, complémentaire aux ressources financières et énergétiques du Golfe.

Rivalités et dynamiques internes

  • Arabie saoudite vs Qatar : compétition pour l’influence régionale (Yémen, Frères musulmans).
  • Émirats vs Arabie saoudite : course pour dominer le tourisme, les hubs financiers et les mégaprojets.
  • Tensions avec l’Iran : menace constante pour les investissements.

Les défis d’une ascension fulgurante

  • Dépendance aux hydrocarbures : encore 60 % des recettes saoudiennes en 2024.
  • Mégaprojets risqués : NEOM ou certains projets émiratis pourraient devenir des “éléphants blancs”.
  • Climat et environnement : réchauffement, stress hydrique, vulnérabilité des villes côtières.
  • Géopolitique : tensions régionales (Iran, conflit Israël-Hamas) qui fragilisent l’attractivité.

Le Golfe, arbitre de la géo-économie mondiale

  • Chine : investissements massifs dans ports, énergie, infrastructures.
  • États-Unis : maintien d’une influence militaire mais concurrence croissante avec Pékin.
  • Europe : dépendance au GNL qatari et aux capitaux du Golfe.
  • Afrique : terrain d’expansion pour les investissements saoudiens et émiratis (ports, agriculture, télécoms).

Le Golfe n’est plus une périphérie : il est devenu un centre d’arbitrage économique global.

Un Golfe à la croisée des chemins

En moins de deux décennies, le Golfe a opéré une mue spectaculaire :

  • Arabie saoudite : transformer le capital pétrolier en une économie diversifiée.
  • Émirats : s’imposer comme hub logistique et financier.
  • Qatar : combiner gaz et soft power.
  • Israël : apporter l’innovation technologique.

Question finale : le Golfe deviendra-t-il un modèle de coopération et d’ouverture, ou un terrain de rivalités exacerbées ?

Une chose est sûre : il est désormais incontournable.

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