Le Hamas a perdu militairement, mais a-t-il gagné moralement ?

Le Hamas a perdu militairement, mais a-t-il gagné moralement ?

Le Hamas a perdu militairement la guerre sur le terrain, mais dans certaines opinions occidentales, il continue de triompher sur le plan symbolique. Ce paradoxe révèle une vérité dérangeante : l’Occident, ému par des récits simplistes, cède trop souvent à la rhétorique et la propagande bien rodée du mouvement islamiste.
Par Faraj Alexandre Rifai, auteur / essayiste Franco-Syrien.

Une défaite militaire évidente

À Gaza, les faits sont incontestables : infrastructures détruites, commandement décimé, réseaux souterrains démantelés. Le Hamas a perdu sa capacité à mener une guerre classique.  Ses dirigeants se terrent ou sont éliminés, et ses tunnels, jadis symboles d’invincibilité, sont devenus des tombeaux.
Les opérations israéliennes, bien que critiquées par l’Occident pour les milliers de civils tués dans les bombardements, ont réduit l’organisation terroriste à une fraction de sa puissance militaire.

Pourtant, alors que les faits militaires sont clairs, la bataille politique semble tout autre. Dans les médias, sur les réseaux sociaux comme X, et dans les universités occidentales, le Hamas s’érige en victime absolue, ou en champion de « la libération de la Palestine ». L’émotion supplante la raison, et le crime se pare d’une légitimité pseudo-humanitaire. L’extrême gauche occidentale continue de porter à haute voix tous les éléments de langage du mouvement terroriste, sans nuance, et même après les milliers de morts et la destruction causés par le Pogrom du 7 octobre.

La victoire symbolique volée

En manipulant les images de souffrance, le Hamas a fait de la mort des civils son arme la plus efficace.
Par exemple, en 2023, une vidéo virale montrant un hôpital de Gaza endommagé a été largement relayée sur X, attribuant la faute à Israël avant que des enquêtes ne révèlent l’implication d’une roquette du Jihad islamique. Aucun responsable de l’extrême gauche n’a condamné, alors qu’ils le faisaient amplement quand c’était attribué à Israël.
De plus, ce type de contenu, amplifié par les algorithmes des réseaux sociaux qui privilégient l’émotion brute, efface les crimes du Hamas — comme les attaques du 7 octobre 2023, qui ont tué 1 200 Israéliens — pour le transformer en symbole universel de résistance.

Cette inversion morale ne relève pas seulement de la propagande. Elle répond à une attente : celle d’un récit simple savamment exploité où l’on peut aimer sans réfléchir, condamner sans connaître. Le Hamas exploite ce besoin de manichéisme, et les plateformes comme X, où les clips de 30 secondes dominent les analyses nuancées, amplifient son message. Si en plus des têtes d’affiches comme Rima Hassan relaient ces mensonges fabriqués, l’effet est certainement démultiplié.

L’Occident piégé par sa morale sélective

Dans certaines élites intellectuelles européennes, la grille de lecture « dominant/dominé » remplace toute réflexion objective. Israël est condamné, par défaut, parce qu’il est fort, le Hamas absous et justifié parce qu’il «représente » « un peuple faible en quête de libération ».
Cette logique perverse excuse et « explique » les exactions du Hamas, comme l’utilisation de civils comme boucliers humains, tandis que les pertes civiles à Gaza, bien réelles et tragiques, alimentent une indignation sincère mais parfois mal informée, car la seule source est « le ministère de santé à Gaza », autrement dit le Hamas lui-même.
Par exemple, des manifestations dans des universités comme Columbia ou à Paris ont vu des étudiants scander des slogans pro-Hamas, affirmer leur soutien au 7 Octobre. En réalité, souvent il s’agit pas seulement de critique d’Israël mais de soutien sans scrupule à une organisation terroriste, sous prétexte de soutenir les Palestiniens.

Certains médias occidentaux, par souci d’équilibre ou sous pression de l’opinion, contribuent à ce phénomène. En 2023, des chaînes comme la BBC ont été critiquées pour avoir rapporté des allégations du Hamas sans vérification initiale, comme l’incident de l’hôpital Al-Ahli, renforçant ainsi son narratif de victime. Ce relativisme  transforme la responsabilité en une question de puissance, non d’intention.

Et ce brouillage ne s’arrête pas aux médias.

La reconnaissance unilatérale d’un État palestinien par certains gouvernements européens, au moment même où le Hamas revendique des massacres, revient à valider politiquement les crimes terroristes.
Sous prétexte de « relancer le processus de paix », on récompense ceux qui l’ont saboté. Cette reconnaissance, déconnectée de toute exigence de désarmement ou de réforme morale, offre au Hamas une victoire diplomatique qu’il n’a pas gagnée sur le terrain. Elle envoie au monde arabe le message que la violence paye, et à Israël celui qu’il sera toujours jugé coupable, même quand il survit.

Le véritable enjeu : désarmer la rhétorique

Israël combat militairement le Hamas, mais le monde libre doit apprendre à combattre sa rhétorique.
L’arme la plus redoutable du Hamas n’est plus la roquette, mais le récit qu’il infuse dans notre jeunesse.
Chaque vidéo, chaque slogan, chaque larme devient un projectile moral contre ceux qui refusent de se soumettre à son chantage émotionnel. Sur X, les hashtags comme #FreePalestine, souvent accompagnés d’images choc, dominent les débats, éclipsant les discussions sur les responsabilités du Hamas dans la prolongation du conflit, dans le « prétendu génocide » et dans la destruction de Gaza. Tout soutien au Palestinien devrait commencer par pointer et condamner ces responsabilités du mouvement terroriste.

Tant que les démocraties se contenteront d’excuser ou d’équilibrer l’incompréhensible, elles perdront la bataille des consciences. Le devoir n’est pas d’être neutre, mais lucide.
Il ne s’agit pas de nier les souffrances des civils palestiniens,
mais de refuser que leur tragédie soit instrumentalisée par une organisation qui prospère sur le chaos.

Conclusion

Le Hamas a perdu militairement, mais il gagne chaque fois que nous confondons compassion et lâcheté.
Il triomphe dans nos silences, nos indignations sélectives, nos récits simplistes.
Le jour où l’on cessera d’excuser ses crimes sous prétexte de pitié, il aura vraiment perdu.

A propos Faraj Alexandre Rifai 366 Articles
Faraj Alexandre Rifai est un auteur et essayiste franco-syrien, auteur de "Un Syrien en Israël" fondateur de Moyen-Orient.fr et de l’initiative Ashteret.