Le culte des martyrs au cœur du Moyen-Orient

Le culte des martyrs au cœur du Moyen-Orient

Dans plusieurs sociétés arabes, le culte des martyrs occupe une place centrale au Moyen-Orient : manuels scolaires, sermons, chansons et médias glorifient la mort au détriment de la vie. Pourtant, certains pays comme les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite amorcent une rupture en réorientant l’éducation vers la tolérance, la coexistence et l’innovation.

La glorification du martyr : un langage quotidien

Dans plusieurs régions du monde arabe, notamment celles marquées par des conflits prolongés, le terme « chahid » (martyr) est omniprésent. Slogans politiques, sermons religieux, affiches murales, chansons populaires : le martyr est partout, érigé en figure héroïque, symbole du sacrifice ultime.

Loin d’être un simple hommage aux défunts, cette glorification fait de la mort un idéal, souvent au détriment de la construction d’un avenir viable.

Les manuels scolaires : une pédagogie du conflit

Des études, comme celle de l’ONG IMPACT-se (2022), révèlent que les manuels scolaires dans certaines régions, notamment en Palestine, continuent de promouvoir une vision glorifiant la mort violente :

  • Les cartes géographiques effacent toute mention d’Israël.
  • Des poèmes célèbrent le sacrifice et le sang versé comme des vertus suprêmes.
  • Les figures héroïques mises en avant sont souvent des combattants, rarement des intellectuels ou des bâtisseurs.

Au Liban, sous l’influence de groupes comme le Hezbollah, et en Syrie, les programmes éducatifs valorisent également les « martyrs », préparant les enfants à voir le conflit comme un horizon inéluctable.

Les racines du culte des martyrs : conflits, politique et religion

La glorification du martyr ne naît pas dans un vide culturel. Plusieurs facteurs expliquent son enracinement :

  • Conflits prolongés : guerres, occupations et luttes territoriales ont nourri une rhétorique du sacrifice.
  • Dynamiques politiques : des régimes et factions utilisent le martyr pour légitimer leur pouvoir et mobiliser les foules.
  • Rôle de la religion : le concept de « chahid », historiquement lié à la défense de la foi, a été instrumentalisé pour justifier des actes violents.

Combinés à la pauvreté et au chômage, ces facteurs enferment certaines sociétés dans une spirale où la mort devient une issue glorieuse.

Un contre-exemple : les réformes éducatives aux Émirats et en Arabie saoudite

Face à cette culture du martyr, certains pays arabes amorcent une rupture.

  • Aux Émirats arabes unis, les manuels scolaires ont été révisés pour mettre en avant la tolérance religieuse, la coexistence et l’innovation.
  • En Arabie saoudite, depuis 2017, une réforme éducative a réduit les références au jihad guerrier et aux discours hostiles, notamment envers les Juifs. Les Accords d’Abraham signés en 2020 apparaissent dans certains supports récents.
  • Au Maroc, l’accent est mis sur l’éducation civique et le patrimoine culturel.

Ces réformes, encore incomplètes, montrent qu’il est possible de transformer les imaginaires collectifs et de valoriser la vie plutôt que la mort.

La musique et les médias : diffuser la mort

Le culte des martyrs imprègne aussi la culture populaire :

  • Des chansons diffusées lors de mariages célèbrent les « martyrs de la Palestine ».
  • Les télévisions retransmettent des funérailles comme des événements nationaux.
  • Des vidéos montrent des enfants jouant au « martyr », comme s’il s’agissait d’un destin héroïque.

Cette omniprésence conditionne les esprits : la mort violente est présentée comme un idéal à atteindre plutôt qu’une tragédie à éviter.

Une culture qui enferme

Ce culte du martyr n’a pas apporté d’État palestinien, ni libéré les peuples, mais a enfermé des générations entières dans un cycle de violence et de haine.

À l’inverse, les exemples des Émirats, de l’Arabie saoudite ou du Maroc montrent qu’il est possible de réorienter l’éducation et la culture vers la construction, l’innovation et la coexistence.

Choisir la vie plutôt que la mort

Dénoncer le culte des martyrs ne revient pas à ignorer les injustices vécues par certains peuples, mais à reconnaître que cette idéologie a nourri plus de destruction que de liberté.

Le monde arabe peut se réinventer en misant sur l’éducation, la créativité et la coopération internationale. Tant que le martyr restera un modèle, l’avenir restera prisonnier du passé.

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