
Israël – Turquie, via la Syrie. La chute de Bachar al-Assad le 8 décembre 2024 a redessiné la Syrie. Depuis mars 2025, un gouvernement intérimaire dirigé par Amed al-Sharaa, tente et affirme vouloir stabiliser le pays. Dans ce contexte, des experts de l’International Crisis Group (ICG) avancent une hypothèse audacieuse : Israël et la Turquie pourraient trouver un terrain d’entente en Syrie, sous l’égide des États-Unis, pour sécuriser leurs intérêts. Cette perspective, portée par des convergences tactiques mais freinée par des rivalités historiques, suscite autant d’espoir que de scepticisme.
Points de convergence
Sécurité et prévention des incidents
Israël opère dans le Golan, menant des frappes contre des cibles iraniennes, tandis que la Turquie contrôle le nord syrien depuis l’opération « Bouclier de l’Euphrate » (2016). Le 15 novembre 2023, une frappe israélienne près d’Idlib a frôlé une unité turque, évitée par une communication de dernière minute. Un mécanisme formel de déconfliction, déjà discuté via des canaux informels en 2024, pourrait réduire ces risques.
Contenir l’influence iranienne
Israël perçoit l’Iran comme une menace existentielle, ciblant ses bases en Syrie depuis 2012 (plus de 200 frappes en 2024 selon l’ONU). La Turquie, bien que liée à Téhéran via les accords d’Astana, craint son expansionnisme, notamment via les milices chiites à Deraa. Une coopération ponctuelle contre ces groupes est envisageable, soutenue par des analystes sur X (#IranOut, 24 sept. 2025).
Reconstruction et stabilité locale
Une Syrie instable menace Israël (infiltrations) et la Turquie (réfugiés : 3,6 millions hébergés avant 2024). Soutenir des projets locaux, comme l’approvisionnement en eau à Alep (piloté par la Turquie) ou des infrastructures dans le Golan (Israël), pourrait stabiliser leurs zones d’influence.
Le rôle des États-Unis
Les États-Unis, avec 900 soldats à Al-Tanf et un soutien militaire à Israël (3 milliards $ annuels), sont perçus comme le garant potentiel. Cependant, leurs relations tendues avec la Turquie (sanctions sur les S-400 en 2020) et leur ambivalence envers al-Sharaa, accusé de liens passés avec al-Qaïda, compliquent leur rôle. Le Département d’État a proposé une médiation en août 2025, mais sans engagement ferme.
Limites et obstacles
Déclarations hostiles d’Erdogan
Recep Tayyip Erdogan a qualifié Israël de « régime terroriste » le 10 octobre 2024, après des raids à Gaza, alimentant une défiance. Sur X, des soutiens turcs (#ErdoganStrong, 25 sept. 2025) amplifient cette rhétorique, rendant une alliance durable improbable.
Soutien turc au régime syrien
Depuis 2025, Ankara fournit une aide humanitaire à Damas (50 tonnes de vivres en juillet), perçue par Israël comme une tolérance envers des réseaux pro-iraniens résiduels. Cette ambivalence fragilise la confiance, malgré les assurances d’al-Sharaa.
Objectifs divergents
Israël vise à éradiquer l’Iran, avec des frappes à Quneitra en septembre 2025. La Turquie prioritise les Kurdes du PYD, soutenus par les États-Unis dans le nord-est, créant des tensions.
Scénarios possibles
- Accord technique minimal : Déconfliction militaire d’ici fin 2025, probable si les États-Unis imposent un cadre.
- Coordination ponctuelle contre l’Iran : Collaboration ciblée en 2026, si l’Iran reste actif à Deraa, sous pression américaine.
- Échec rapide : Tensions kurdes et rhétorique d’Erdogan pourraient tout stopper, selon des analystes.
Conclusion
L’hypothèse d’un rapprochement israélo-turc en Syrie, sous l’égide des États-Unis, reflète les paradoxes post-Assad. Les convergences (sécurité, Iran, stabilité) offrent une base tactique, mais les hostilités d’Erdogan, le soutien turc à Damas et les objectifs divergents (Kurdes vs Iran) limitent l’horizon. Des arrangements temporaires semblent plausibles, soutenus par des voix locales sur X, mais une alliance durable reste un mirage. La médiation américaine sera décisive.
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