C’est l’une des accusations les plus répandues dans le monde arabe et en Occident : Israël aurait “créé” le Hamas.
Un mythe commode, qui dédouane les islamistes de leur responsabilité et transforme les bourreaux en victimes.
Les faits racontent une autre histoire — bien plus dérangeante, car elle oblige à regarder en face la nature réelle de ce mouvement.
D’où vient cette idée ?
L’accusation selon laquelle Israël aurait “créé” le Hamas circule depuis des décennies, souvent présentée comme une “vérité cachée”.
Elle s’appuie sur des déclarations ambiguës d’anciens responsables israéliens, comme celles de l’ancien officier Avner Cohen, qui a reconnu a posteriori avoir sous-estimé la montée des islamistes face à l’OLP dans les années 1980.
De là à affirmer qu’Israël a “créé” le Hamas, il y a un gouffre.
Ce récit a prospéré dans les milieux pro-Hamas et anti-israéliens, amplifié par des médias comme Al-Jazeera dans les années 1990 ou par des figures publiques, relayant des théories conspirationnistes.
Il a ensuite été repris par une partie de la gauche occidentale en quête d’une cause “anti-impérialiste”.
C’est devenu un argument réflexe : Israël serait responsable de son propre malheur, et les terroristes, les produits de sa politique.
Ce que les faits montrent
Le Hamas naît officiellement en 1987, lors de la première Intifada.
Il s’inscrit dans la mouvance des Frères musulmans, active à Gaza depuis les années 1940.
Son fondateur, Cheikh Ahmed Yassine, prêche le djihad et la charia et l’extermination de l’état juif.
Le Hamas s’est formé sur fond de montée de l’islamisme régional, porté par les Frères musulmans —
une dynamique interne à la société palestinienne et indépendante de toute intervention extérieure.
L’idéologie du Hamas est théologique avant d’être politique : elle vise la destruction d’Israël, la libération “de toute la Palestine” et l’établissement d’un État islamique.
Sa charte de 1988 parle explicitement d’un “combat contre les Juifs” — pas seulement contre l’occupation.
Aucune archive ni document officiel n’a jamais corroboré l’idée d’un financement ou d’une création délibérée du Hamas par Israël, contrairement à ce que certains prétendent.
Pourquoi cette confusion persiste
Ce mythe arrange tout le monde.
Il permet à certains de nier la responsabilité des sociétés arabes dans la montée de l’islamisme,
un phénomène qui dépasse largement le conflit israélo-palestinien.
Il offre à une partie de la gauche occidentale un moyen de soutenir la cause palestinienne tout en évitant d’assumer les crimes du Hamas, comme les attentats suicides ou les tirs de roquettes indiscriminés.
Et il entretient une illusion morale : celle d’un conflit dont Israël serait la cause unique, et non la cible.
Sur le plan psychologique, croire qu’Israël “a créé” le Hamas rassure.
Cela évite d’admettre qu’un mouvement né au cœur du monde arabe puisse prôner la haine, la mort et le martyre.
Par exemple, les prêches enflammés de Cheikh Yassine dans les années 1980, appelant au djihad, reflètent une idéologie ancrée localement, et non importée ou orchestrée de l’extérieur.
Conclusion
Non, Israël n’a pas créé le Hamas.
Ce narratif trompeur, en excusant les responsables, empêche un examen de conscience au sein de la société arabe et contre les mouvements islamistes, sur les racines de l’islamisme et les dynamiques du conflit israélo-palestinien.
Démonter ce mythe, c’est ouvrir la voie à une réflexion réaliste qui permet d’entrevoir de véritables solutions du conflit israélo-palestinien; où chaque acteur assume ses responsabilités, sans esquiver la violence inhérente à l’idéologie du Hamas.
