Stratégie culturelle et soft power : Dubaï, hub artistique du Moyen-Orient

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Art Dubai - Prototypes for Humanity

Les Émirats arabes unis (EAU) ne se contentent plus d’être un géant économique et énergétique. Avec des musées prestigieux, des festivals de cinéma et la nouvelle Biennale de Dubaï, ils ambitionnent de devenir un hub culturel incontournable. Cette stratégie de soft power vise à projeter une image de modernité, de cosmopolitisme et de stabilité, tout en rivalisant avec les capitales culturelles mondiales.

Art Dubai : une vitrine artistique mondiale

Depuis 2007, Art Dubai, la foire d’art contemporain la plus influente du Moyen-Orient, positionne Dubaï comme un carrefour artistique mondial, à l’image des biennales de Venise ou São Paulo. En 2024, l’événement a réuni 120 galeries et des artistes arabes et internationaux, comme l’Égyptien Wael Shawky, dont une installation immersive sur l’histoire du Golfe a captivé le public. Avec environ 30 000 visiteurs en une semaine, selon les organisateurs, Art Dubai consolide la réputation de Dubaï comme capitale culturelle régionale, au-delà de son image économique et touristique.L’événement met en avant la diversité de l’art contemporain arabe tout en favorisant un dialogue interculturel, incarnant l’identité cosmopolite des Émirats.

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Musées et galeries : un écosystème culturel ambitieux

Les Émirats investissent massivement dans des infrastructures culturelles pour rivaliser avec Paris ou New York :

Louvre Abu Dhabi, ouvert en 2017, a attiré 5 millions de visiteurs en cinq ans, symbolisant l’alliance entre prestige occidental et identité arabe.

Guggenheim Abu Dhabi, prévu pour 2025, ambitionne de devenir une référence mondiale de l’art contemporain.

– À Dubaï, le quartier d’Alserkal Avenue abrite des galeries émergentes et soutient une nouvelle génération de créateurs arabes, comme l’artiste émiratie Shaikha Al Mazrou.

Ces projets renforcent l’attrait du tourisme culturel, qui représente déjà 10 % des revenus touristiques des EAU, selon le Département du Tourisme d’Abu Dhabi.

Le cinéma émirati : raconter une identité arabe moderne

Le Dubai International Film Festival (DIFF), créé en 2004, a permis l’émergence d’une industrie cinématographique régionale. En 2024, le festival a projeté 120 films, dont 30 % de productions arabes, selon les chiffres officiels. Des films comme Theeb (coproduit aux EAU) ont gagné une reconnaissance internationale, prouvant que le cinéma émirati peut raconter des histoires universelles ancrées dans l’identité du Golfe.

Les Émirats investissent également dans la formation, avec des écoles comme la **Dubai Film School**, formant scénaristes et réalisateurs pour bâtir une véritable école du cinéma arabe.

Soft power et diplomatie culturelle : une ambition régionale

Cette stratégie culturelle répond à plusieurs objectifs :

Diversification économique : le tourisme culturel devrait générer 15 milliards de dollars d’ici 2030, selon les projections officielles.

Diplomatie d’influence : les Émirats projettent une image d’ouverture et de modernité, contrastant avec les stéréotypes régionaux.

Cohésion nationale : valoriser la culture arabe aux côtés d’influences globales renforce l’identité émiratie.

Leadership régional : face à l’Arabie saoudite (avec AlUla) et au Qatar (Musée d’art islamique), les EAU cherchent à dominer la scène culturelle du Golfe.

Cependant, cette ambition n’est pas sans critiques. Certains dénoncent un « cultural washing », reprochant aux Émirats d’utiliser l’art pour masquer des enjeux sociaux ou politiques, comme les droits des travailleurs migrants. Malgré ces débats, les investissements massifs témoignent d’une volonté de construire une influence durable.

> « La culture est notre pont vers le monde. Elle raconte qui nous sommes et où nous allons« , déclarait Sheikha Hoor Al Qasimi, présidente de la Sharjah Art Foundation, lors de l’inauguration de la Biennale.

Conclusion

Avec le Louvre Abu Dhabi, le futur Guggenheim et un cinéma en plein essor, les Émirats arabes unis placent la culture au cœur de leur soft power. Dubaï et Abu Dhabi ne se contentent plus d’être des hubs économiques : elles aspirent à devenir des références artistiques mondiales, mêlant patrimoine arabe et innovation globale. Mais pourront-elles rivaliser avec les capitales culturelles établies comme Paris ou New York ?

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