En visite à Kiryat Gat, dans le sud d’Israël, le secrétaire d’État américain Marco Rubio a inspecté le nouveau centre de coordination civilo-militaire, désormais pilier du plan de stabilisation de Gaza impulsé par Donald Trump. Ce centre incarne la phase opérationnelle du plan : contrôle de l’aide, désarmement du Hamas, et reconstruction sous tutelle internationale.
Un centre de coordination stratégique
Le centre civil-militaire de Kiryat Gat, inauguré en octobre 2025, constitue la pierre angulaire du dispositif post-guerre de Gaza voulu par Washington.
Dirigé par le général américain Patrick Frank et placé sous la supervision du Commandement central américain (CENTCOM), il réunit déjà plusieurs pays partenaires : États-Unis, Israël, France, Allemagne, Jordanie, Émirats arabes unis, Royaume-Uni et Australie.
Sa mission est triple :
- superviser la mise en œuvre du plan de 20 points élaboré par Donald Trump ;
- garantir que l’aide humanitaire parvienne sans détournement ;
- coordonner la phase de stabilisation : cessez-le-feu, retrait des troupes israéliennes, désarmement progressif des groupes armés.
Une architecture du « post-guerre »
Selon les informations confirmées par Reuters et AP, le centre de Kiryat Gat est conçu comme un hub de coordination internationale destiné à garantir la transition entre la guerre et la reconstruction.
Marco Rubio y a déclaré que la future gouvernance de Gaza devait être confiée à des pays « avec lesquels Israël est à l’aise » — excluant de facto toute implication du Hamas ou de ses soutiens régionaux.
L’objectif affiché : assurer une reconstruction sécurisée, éviter le vide politique et empêcher la résurgence de milices islamistes.
Le fait que ce centre soit implanté en territoire israélien et non à Gaza même traduit une ligne claire : la stabilisation se fera sous supervision israélo-américaine, mais avec un habillage multilatéral pour élargir la légitimité du processus.
Une diplomatie du réalisme
Ce dispositif illustre la philosophie géopolitique de Donald Trump : remplacer les promesses diplomatiques par des structures de contrôle.
L’idée n’est pas d’inventer une paix morale, mais d’imposer une stabilité fonctionnelle.
Plutôt que d’exclure les acteurs controversés, la méthode consiste à les impliquer dans des cadres strictement surveillés, afin de canaliser leurs marges d’action.
C’est dans cette logique que le Qatar pourrait être appelé à participer, sous conditions, à la reconstruction et à la logistique humanitaire — un pari risqué mais peut-être nécessaire, selon la logique « récompenser pour neutraliser » déjà testée ailleurs par Trump.
Les défis du dispositif
Plusieurs zones d’ombre persistent :
- le rôle exact d’Israël dans la gestion quotidienne du centre ;
- la chaîne logistique de l’aide vers Gaza ;
- la gouvernance future du territoire, encore indéterminée ;
- les réticences israéliennes, notamment sur une éventuelle participation qatarie ou turque à la reconstruction.
Pour Jérusalem, l’équation reste délicate : accepter une coopération internationale sans perdre le contrôle stratégique de la sécurité.
Pour Washington, l’enjeu est de montrer des résultats visibles, d’où la création de ce centre qui transforme une vision diplomatique en outil opérationnel.
Conclusion : du plan à l’action
Le centre civil-militaire de Kiryat Gat n’est pas une vitrine symbolique, mais l’instrument concret du plan Trump pour Gaza. C’est là que se joue la traduction pratique de la « paix par la stabilité ».
Dans un Moyen-Orient fracturé, ce dispositif incarne une forme nouvelle d’intervention : multilatérale dans la forme, unilatérale dans la direction. Pour Israël, c’est un filet de sécurité. Pour les États-Unis, une démonstration de leadership retrouvé. Et pour Gaza, peut-être, le laboratoire d’un nouvel ordre.
Sources : Reuters, AP News, Times of Israel (octobre 2025).
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