Qatna, gloire d’une ville de l’âge du bronze

Statues du site de Qatna en Syrie
Statues du site de Qatna en Syrie

En 2002, une équipe d’archéologues découvre le cimetière des rois de Qatna en Syrie, une dynastie qui a fait de la ville une puissance marchande et militaire face aux pharaons égyptiens et aux Hittites durant plus de mille ans.

Qatna, son nom archéologique est Tell el Mishrifieh, est une cité qui fût la capitale de l’un des plus importants royaumes de la Syrie antique dans la première moitié du deuxième millénaire av. J.-C. La cité s’étend sur un seul kilomètre carré mais elle est considérée comme l’une des plus grandes villes de l’âge du bronze dans l’Ouest de la Syrie.

Situé au bord de la plaine fertile d’Émèse, le site était un important point de passage sur les routes commerciales qui reliaient la Mésopotamie avec la Grèce et l’Égypte. La découverte d’un sphinx égyptien appartenant à la Princesse Ita Oueret de la XIIe dynastie atteste de l’influence égyptienne et des échanges entre les deux royaumes. Le ville était également aux abords de la route qui liait le Royaume de Mari à la Méditerranée. Les textes de Mari mentionnent un commerce de tissus, de vêtements, de bijoux, de bois et de vin en direction de Babylone en passant par Qatna.

Les premières traces de la ville remontent à la 3ème dynastie d’Ur entre 2113 et 2004 av. J.-C. Mais la cité s’est développée plus dans la période des Amorrites entre 200 et 1595 av. J.-C. De cette époque, la cité a gardé d’immenses murailles protégeant la ville.

Plusieurs dynasties se sont succédées à Qatna et ce pendant presque mille ans, développant ainsi une culture, un artisanat et utilisant l’écriture cunéiforme. Le premier roi est connu sous le nom d’Isbi-Adad, il est mentionné dans les archives de Mari car son royaume faisait parti d’une confédération de l’empereur d’Assyrie Shamshi-Adad I qui contrôlait alors la haute Mésopotamie. Les deux rois avait fait alliance pour faire face à Alep. Ensuite, Isbi-Adad sera suivi sur le trône par son fils Amut-Pî-El, qui est un contemporain du fameux roi de Babylone Hammourabi.

Après la destruction de Mari par Hammourabi, les sources écrites sur Qatna deviennent rares. D’après ce qu’indiquent les archives d’Alalah, Qatna sera temporairement dominée par le Roi d’Alep Iarim-Lim III , mais avec le développement de l’empire du Mitanni en haute Mésopotamie, Qatna va connaître une reprise. Une reprise rapide et fragile, puisqu’elle se trouvait dans un territoire désormais disputé entre le Mitanni et l’Égypte. Les inscriptions du temple Nin-Egal montrent que les Mitanniens étaient installés à Qatna.

Ensuite, les campagnes des Pharaons Amenhotep I et Thoutmôsis I en Syrie ont atteint Qatna. Justement, ce qui explique la présence de Qatna dans les inscription de Karnak en Égypte. En effet, sur le septième Pylône du temple d’Amon à Karnak, on mentionne que le Pharaon Thoutmôsis I était resté à Qatna lors de la trente-troisième année de son règne. Mais Qatna est également mentionnée dans les listes topographiques égyptiennes jusqu’à l’époque du Pharaon Ramsès III. Au cours de la campagne Syrienne de l’Empereur des Hittites, le Prince de Qatna Akizzi demande de l’aide au Pharaon Amenhotep IV. Ce dernier tarde à venir à l’aide et la région sera prise par les Hittites dans la violence et les habitants sont déportés à Hattousa. C’est sous le Pharaon Sethi I que Qatna sera reprise par les Égyptiens. Elle reste dans cette situation jusqu’aux invasions des Peuples de la Mer, vers 1200 av. J.-C, qui provoquent sa destruction finale.

Les premières fouilles de Qatna datent de 1924, la Syrie était alors sous mandat français. Dirigée par Robert du Mesnil du Boisson, la mission française découvre des portes, des tombes, des pièces de l’âge du bronze dont un Sphinx égyptien, des tablettes dont les textes étaient les inventaires de Qatna, et des listes de Rois.

site qatna en Syrie

En 1999, les fouilles ont été reprises par des équipes syriennes, italienne et allemande. Grâce à cette collaboration, on découvrit des tombes où reposaient les restes de certains rois de Qatna et où étaient effectués les rituels funéraires royaux. Aujourd’hui, les vestiges des murs de la ville sont encore conservés à une hauteur de 20 mètres.

Le mur comporte quatre portes principales de chaque côté. La particularité de ces portes est qu’elles ont été construites avec des orthostates en calcaire blanc et en basalte noir. Les bases ont été taillées dans la roche.

A l’intérieur des murailles, on découvre une colline centrale qui abritait l’Acropole. Le palais royal était situé dans l’angle Nord-ouest de la ville haute et de l’acropole. Sa présentation est très similaire à celui de de Mari. Il était entouré des résidences pour les élites de la cité. Il est un des plus grands bâtiments de ce type connus à ce jour de l’âge du bronze en Syrie. C’est une vaste résidence de plus de 1400 mètres carrés. Sous ce palais, on a également découvert des tombes royales. À côté de la salle du trône, un couloir long de 40 mètres s’enfonce dans le sol sur une profondeur de huit mètres pour ouvrir un complexe funéraire souterrain. D’innombrables objets ont été trouvés: objets en albâtre, or et argent, pierres précieuses, ossements, mais surtout des tablettes en argile, écrites en cunéiforme, fournissent d’inestimables informations sur la Syrie à l’âge de bronze. Les archéologues ont découvert un lot de 75 tablettes cunéiformes datant du règne du Roi Idanda.

Sur la petite acropole dans le nord, on a découvert un deuxième palais qui serait la résidence d’un membre de la famille royale. Non loin de ce petit palais, et dans un souterrain, pas moins de soixante trois tablettes cunéiformes écrites en Akkadien ont été découvertes. Les archéologues pensent qu’elles datent de l’époque de l’invasion Hittite. Les textes appartiendraient aux archives du Roi Idanda. Ils contiennent des rapports et des renseignements sur la situation politique dans le Nord de la Syrie.

Dans un autre grand bâtiment de l’acropole, une statue acéphale en basalte a été retrouvée dans une fosse, elle date de la fin de l’âge de bronze. Cette statue porte une inscription qui pourrait donc représenter un Roi de Qatna. Un quartier artisanal ainsi qu’un petit cimetière datant aussi du Bronze moyen ont également été exhumés à proximité de ce bâtiment.

Aujourd’hui, seuls les murs sont restés debout. Mais les fouilles du site ont découvert des céramiques chypriote importés datant de l’âge du bronze moyen, mais aussi des céramiques locales. De très nombreux objets ont également été trouvés, des bijoux en or ornés pour la plupart de pierres précieuses, de la vaisselle et des vases.

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