Israël face à la position hostile de Macron : le temps de réagir ?

Israël face à la position hostile de Macron : le temps de réagir ?

Tribune libre par Rachel Touitou, invitée de Moyen-Orient.fr
Face à la position qu’elle estime anti-israélienne de la diplomatie du président Emmanuel Macron, Rachel Touitou, Franco-Israélienne, appelle Israël à la fermeté : fermer le consulat français à Jérusalem et redéfinir les relations bilatérales.

Cet article reflète l’analyse et les convictions de son auteure. Moyen-Orient.fr publie des points de vue libres et informés venant de voix israéliennes, arabes ou européennes.

Une France en crise politique et diplomatique

La France traverse une tempête politique sans précédent depuis la fondation de la Ve République. Le Premier ministre Sébastien Lecornu a jeté l’éponge peu après son entrée en fonction, puis, dans une manœuvre de communication évidente, le président Emmanuel Macron l’a renommé au même poste à peine 48 heures plus tard. Macron fait face à un Parlement fracturé et hostile, sans même une majorité relative, enkystant le pays dans une impasse budgétaire et l’entraînant dans un cycle de dégradation de sa notation par les agences internationales. Le président a atteint un record d’impopularité sans précédent : à peine 14 % d’approbation chez les électeurs français.

Cette tourmente ne se cantonne pas aux querelles internes : elle irradie la sphère diplomatique et mine la crédibilité de la France à l’international. Les manœuvres étrangères de Macron sont perçues, sondage après sondage, comme un fiasco retentissant. L’attitude repentante envers l’Algérie s’est soldée par un échec ; la crise migratoire s’aggrave ; et la diplomatie française n’a pas réussi à libérer l’auteur Boualem Sansal, condamné à cinq ans de prison pour avoir critiqué l’islamisme et le régime algérien.

Même échec sur le front iranien : Cécile Kohler et Jacques Paris croupissent depuis trois ans dans la prison d’Evin à Téhéran. Le 14 octobre dernier, ils ont écopé de 10 et 6 ans de détention pour « espionnage au service de l’entité sioniste ». Cette tentative d’apaisement avec les mollahs s’est révélée stérile.

Enfin, la posture française sur la guerre Israël-Gaza a suscité la dérision : l’« auto-invitation » de Macron à Charm el-Cheikh, en pleine crise politique nationale, fut perçue comme une tentative maladroite de s’approprier une initiative américaine qu’il avait cherché à torpiller quelques semaines plus tôt.

Le drone abattu : symbole d’un tournant hostile

Le 28 octobre 2025, Le Figaro a révélé qu’un drone israélien de surveillance avait été abattu par des troupes onusiennes de la FINUL, sur décision française, au sud-Liban. Cet acte, apparemment technique, marque une escalade grave dans la détérioration des relations franco-israéliennes. Paris, sous couvert de multilatéralisme, a mis en danger la sécurité d’Israël au profit d’un positionnement politique opportuniste. Paris persiste à maintenir un consulat à Jérusalem-Ouest – vestige du Mandat britannique – qui sert de relais diplomatique officieux à la “Palestine”. Loin d’un simple rôle administratif, ce consulat promeut un agenda anti-israélien flagrant, sapant la souveraineté d’Israël dans sa capitale.

Une enquête d’Atlantico (Sabrina Deliry et Joël Rey, septembre 2025) a révélé des liens troublants entre le consulat et des organisations terroristes palestiniennes. Elle cite des réunions secrètes à Doha en 2020 entre des hauts responsables français et des chefs du Hamas, dont Moussa Abou Marzouk et Khaled Mechaal. Le consulat a également coordonné le financement du centre “Al-Bustan” à Silwan, inauguré en 2019 en présence du consul Pierre Cochard (devenu depuis ambassadeur en Iran). Officiellement « centre socio-culturel », le projet fut subventionné par le Quai d’Orsay et des collectivités locales françaises, mais dirigé par Daoud Ghoul, condamné trois fois pour appartenance au Front populaire de libération de la Palestine (FPLP). Ses successeurs – Sarah Kraein, Qutaiba Ouda, Amir Maraqa – ont publiquement glorifié ou soutenu le Hamas, Hezbollah et Fathi Shkaki, illustrant un système d’infiltration militante tolérée.

Sous couvert d’humanitaire, le consulat facilite aussi l’immigration sélective de proches du Hamas vers la France. L’exemple de Nour Attallah, étudiante gazaouie avouant son admiration pour Hitler, admise grâce à l’intercession du consulat, illustre ces dérives. Des membres de familles liées au Hamas bénéficient de régimes d’exception, permettant leur installation en Europe — une trahison des principes mêmes que la diplomatie française prétend défendre.

Cette animosité ne date pas d’hier : un ancien employé du consulat avait déjà utilisé un véhicule diplomatique pour acheminer des armes vers les territoires palestiniens. Un précédent gravissime, passé sous silence par Paris.

Un appel à la fermeté israélienne

Le 11 septembre 2025, avant l’Assemblée générale de l’ONU, le mouvement Regavim a adressé une demande urgente au ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Sa’ar, pour fermer le consulat français à Jérusalem. Le directeur de Regavim, Meir Deutsch, a rappelé que ce consulat n’est pas subordonné à l’ambassade de France en Israël, et a cité le précédent américain : la fermeture du « Bureau des affaires palestiniennes » à Washington par l’administration Trump.

Toute tentative d’ingérence sur Jérusalem doit recevoir une réponse ferme et immédiate. Israël est le seul souverain de sa capitale. Fermer le consulat et expulser ses responsables, à commencer par le consul général Nicolas Cassianidès – qui a remis en mains propres le document de reconnaissance palestinienne à Mahmoud Abbas – enverrait un signal clair et légitime.

La non-réaction du Premier ministre Benjamin Netanyahou, malgré ses engagements pris à Washington, devient intenable. Alors que la France s’enfonce dans une crise institutionnelle, le président Macron poursuit son acharnement anti-israélien, comme en témoigne encore l’incident du drone.

Le prestige français a atteint un nadir historique. C’est une fenêtre diplomatique rare pour Israël : celle de redéfinir la relation avec Paris sur la base du respect mutuel et de la clarté politique.

La complaisance ne peut plus être la règle. Israël doit affirmer ses lignes rouges et rappeler que l’amitié ne se construit pas dans l’ambiguïté — encore moins dans l’hostilité.

Tribune libre par Rachel Touitou, invitée de Moyen-Orient.fr

Rachel Touitou

Rachel Touitou est consultante politique et en relations publiques franco-israélienne, spécialisée dans l’accompagnement des médias étrangers sur les affaires israéliennes et les relations France-Israël. Traductrice et interprète multilingue, elle est porte-parole internationale du mouvement Regavim.