Cinq vérités sur le nouveau Moyen-Orient

Cinq vérités sur le nouveau Moyen-Orient

Alors que la guerre de Gaza redéfinit les équilibres régionaux, le journaliste américain Fareed Zakaria identifie cinq vérités clés sur le « nouveau Moyen-Orient » : l’ascension stratégique d’Israël, le recul de l’Iran et de la Turquie, la fin de l’idéologie au profit du réalisme, et la naissance d’une diplomatie arabe pragmatique tournée vers la stabilité et la paix.

Dans un article publié récemment par le journaliste et essayiste américain Fareed Zakaria (The New York Times), l’auteur estime que l’accord de cessez-le-feu à Gaza reflète un changement profond dans les équilibres de pouvoir au Moyen-Orient.
Il identifie cinq vérités fondamentales qui, selon lui, redessinent les contours du « nouveau Moyen-Orient ».

1. Israël, une puissance régionale sans précédent

La première vérité est que l’État d’Israël occupe aujourd’hui une position stratégique inégalée.
Zakaria rappelle que, malgré les tensions et les critiques, Israël a su imposer un rapport de force qui dépasse largement ses dimensions géographiques.
Les récentes négociations de cessez-le-feu ont confirmé que toute initiative régionale passe désormais par Jérusalem, et que la sécurité d’Israël est devenue un paramètre incontournable dans toute équation régionale — une réalité que même ses anciens adversaires reconnaissent tacitement.

2. L’équilibre des intérêts avant tout

Selon Zakaria, le second constat est que les alliances au Moyen-Orient ne sont plus idéologiques, mais pragmatiques.
Les États arabes, notamment ceux signataires des Accords d’Abraham, privilégient aujourd’hui leurs intérêts économiques et sécuritaires à toute autre considération.
Israël, de son côté, tire profit de cette mutation en consolidant des partenariats avec les puissances régionales, des Émirats à l’Égypte, dans une logique de stabilité et de prospérité partagée.
C’est, selon Zakaria, une transformation stratégique profonde, amorcée sous Donald Trump et poursuivie, parfois malgré lui, par l’administration Biden.

3. La Turquie et l’Iran reléguées au second plan

La troisième vérité est la marginalisation progressive de deux acteurs longtemps influents : la Turquie et l’Iran.
Si Ankara tente de revenir à la table diplomatique, notamment par l’intermédiaire de médiations opportunistes, sa crédibilité régionale reste affaiblie.
Quant à Téhéran, Zakaria souligne que l’usure de son influence et les revers de ses alliés (notamment le Hamas) ont révélé les limites de sa stratégie expansionniste.
Le “croissant chiite” qui prétendait encercler Israël est aujourd’hui fissuré par les recompositions arabes et la lassitude des populations face aux idéologies religieuses.

4. Le recul de l’idéologie au profit du réalisme

Zakaria observe également que le discours idéologique anti-israélien s’épuise.
Même parmi les opinions publiques arabes, une part croissante perçoit le Hamas comme un obstacle à la paix et à la reconstruction.
Les États arabes, eux, misent sur la stabilité et la croissance économique plutôt que sur la confrontation permanente.
C’est, selon lui, le signe d’un tournant générationnel : une région longtemps prisonnière de ses mythes commence à regarder vers l’avenir.

5. Le chemin vers une diplomatie de paix pragmatique

Enfin, Zakaria conclut que la région tend vers une diplomatie de la réalité, où les États arabes, Israël et les puissances occidentales cherchent des formules de coexistence fondées sur le désarmement des groupes terroristes, la reconstruction et l’intégration régionale.
Cette approche ne relève plus de l’utopie mais d’une nécessité stratégique partagée, face à la montée des menaces transnationales et au déclin des blocs idéologiques.

Un tournant historique

En somme, les cinq « vérités » du nouveau Moyen-Orient selon Fareed Zakaria montrent une mutation silencieuse mais irréversible :
celle d’une région où les nations commencent à préférer la coopération à la confrontation, le réalisme à la rhétorique, et la stabilité à la victimisation.

L’article complet de Fareed Zakaria