Oman : un impôt sur le revenu en 2028, le début de la fin du modèle rentier ?

Oman : un impôt sur le revenu en 2028, le début de la fin du modèle rentier ?

Oman brise un tabou en annonçant un impôt sur le revenu dès 2028, une première dans le Golfe où l’absence de fiscalité directe est la norme. Cette réforme marque-t-elle un tournant pour l’économie régionale ? Analyse d’une décision audacieuse.

Une révolution fiscale dans le Golfe

À partir de 2028, Oman imposera un taux de 5 % sur les revenus annuels dépassant 42 000 rials omanais (environ 94 000 €).

  • La mesure, prise par décret royal, rompt avec une tradition fondatrice du Golfe : l’absence d’impôt direct, pilier du contrat social entre gouvernés et gouvernants.
  • Les objectifs affichés sont multiples : diversifier les recettes publiques, réduire la dépendance aux hydrocarbures et gagner en crédibilité auprès du FMI et des agences de notation.

Dans une région où les États ont longtemps fonctionné comme des « États-providence pétroliers », cette réforme revêt une portée symbolique considérable.

Un signal pour la région

Le Sultanat d’Oman, aux ressources limitées par rapport à l’Arabie saoudite, au Qatar ou aux Émirats, a souvent joué un rôle de pionnier en matière de réformes économiques.

  • Si cette fiscalité est socialement acceptée, Oman pourrait devenir un laboratoire pour l’ensemble du Golfe.
  • Bahreïn, confronté à des déficits chroniques, serait un candidat logique à une telle réforme.
  • L’Arabie saoudite, engagée dans son ambitieux plan Vision 2030, pourrait aussi s’inspirer de Mascate pour préparer l’après-pétrole.

Mais les risques sont réels :

  • la classe moyenne supérieure pourrait percevoir l’impôt comme une remise en cause du contrat social ;
  • les expatriés, qui constituent une large part de la main-d’œuvre, pourraient y voir une atteinte à l’attractivité du pays ;
  • une mauvaise gestion pourrait entraîner une fuite des talents ou affaiblir l’image d’Oman auprès des investisseurs.

Les autorités comptent sur un discours de « patriotisme fiscal » pour rallier la population, mais l’adhésion reste incertaine.

Une menace pour le modèle rentier ?

Depuis les années 1970, le Golfe repose sur un pacte implicite : les revenus pétroliers financent subventions, infrastructures et services publics, en échange de l’absence d’impôt direct.

  • L’annonce d’Oman constitue la première brèche ouverte dans ce modèle.
  • Elle interroge sur la durabilité d’un système bâti sur la rente pétrolière, alors que la transition énergétique et la volatilité des prix du brut fragilisent les équilibres budgétaires.

Pour les sociétés du Golfe, l’enjeu est immense : s’habituer à l’idée d’une ère post-rentière, où la contribution fiscale des citoyens devient un élément central du contrat social.

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