Sanctions César 2025 : l’appel de Hamra pour le patrimoine juif en Syrie

Sanctions César 2025 : l’appel de Hamra pour le patrimoine juif en Syrie

Juifs de Syrie. Dans une lettre adressée au Congrès américain le 25 septembre 2025, le rabbin Yosef Hamra, leader de la diaspora juive syrienne, appelle à l’abrogation des sanctions César, imposées en 2019 contre Bachar al-Assad, renversé en décembre 2024. Ces mesures, prolongées jusqu’en 2029, entravent la restauration du patrimoine juif et le retour des minorités sous le gouvernement intérimaire d’Ahmed al-Sharaa. Face à l’amendement 3889 du NDAA 2026, cet appel soulève un dilemme crucial : lever les sanctions sans compromettre la justice pour les crimes du régime déchu.

Les sanctions César : un héritage ambigu

Le Caesar Syria Civilian Protection Act de 2019 visait à sanctionner Assad pour ses crimes de guerre, documentés par 53 000 photos de prisonniers torturés par un ex-photographe militaire surnommé « César ». Ces sanctions extraterritoriales ont gelé les financements pour la reconstruction, ciblant Damas, ses alliés et les investisseurs étrangers.

Après la chute d’Assad le 8 décembre 2024, lors d’une offensive rebelle menée par Hayat Tahrir al-Sham (HTS), et son exil à Moscou sous protection russe, les sanctions ont été maintenues via le NDAA 2025. Selon Amnesty International (2020), elles aggravent la crise humanitaire en limitant l’accès à médicaments et matériaux, freinant la reconstruction dans un pays où un million de réfugiés sont rentrés depuis 2024.

Les minorités – Juifs, Chrétiens, Yézidis – peinent à restaurer synagogues, églises et cimetières, menaçant un patrimoine millénaire.

L’appel du rabbin Yosef Hamra

Yosef Hamra, rabbin syrien exilé à New York et président de la Jewish Heritage in Syria Foundation (fondée en 2015), est le frère du dernier grand rabbin de Syrie, Ibrahim Hamra. Il représente une communauté juive réduite à une poignée de membres à Damas après un exil massif dans les années 1970-1990, sous les persécutions d’Assad.

Dans sa lettre du 25 septembre 2025, il s’oppose à l’amendement 3889 du NDAA 2026, qui prolongerait les sanctions, et plaide pour leur abrogation :

  • Patrimoine en danger : « Lifting the Caesar sanctions is essential to restore synagogues and cemeteries, safeguard irreplaceable Jewish heritage », écrit-il, citant la synagogue de Jobar, bombardée en 2014, estimée à 2 millions de dollars de restauration.
  • Retour des exilés : Les sanctions bloquent un environnement stable pour les Juifs et autres minorités, un objectif soutenu par al-Sharaa depuis mars 2025.
  • Risque d’effondrement : « Permanently locking in sanctions freezes risk discouraging international support », menaçant l’économie et favorisant les extrémistes.

Hamra exhorte le Sénat à rejeter l’amendement pour un repeal total, permettant à la Syrie de renaître.

Enjeux post-Assad : reconstruction, justice et stabilité

La chute d’Assad en décembre 2024 a ouvert une ère de transition sous al-Sharaa, mais les sanctions compliquent les efforts :

  • Patrimoine à restaurer : La synagogue de Jobar et les cimetières juifs, partagés avec Chrétiens et Yézidis, nécessitent des fonds urgents. Des posts X signalent des pillages récents à Damas (#SyriaHeritage, 24 sept. 2025).
  • Retour des réfugiés : Un million de Syriens sont rentrés, mais les Juifs restent rares (moins de 20 en 2020). Al-Sharaa promet sécurité, mais les violences sectaires (ex. : attaques contre Alaouites) persistent.
  • Menace extrémiste : Le chaos profite aux radicaux, malgré les efforts d’al-Sharaa, mais une levée hâtive pose des risques.
  • Justice en suspens : Assad, exilé à Moscou, échappe à la justice pour 500 000 morts. Les États-Unis hésitent à lever César, tandis que la Russie conditionne son aide à al-Sharaa. L’UE plaide pour un repeal conditionnel.
  • Héritage d’Assad : Son instrumentalisation des minorités laisse une méfiance, amplifiée par des tensions actuelles.

Une solution serait un fonds UNESCO pour le patrimoine, combiné à des sanctions ciblées sur les ex-responsables, aligné sur les positions européennes.

Les réserves nécessaires : le nouveau régime sous surveillance

Si l’appel du rabbin Yosef Hamra ouvre une perspective d’espoir, il serait dangereux d’idéaliser la transition actuelle. Le nouveau régime traîne un passé qui inquiète de nombreuses communautés. Ses discours d’ouverture et ses gestes envers les minorités doivent encore être confirmés par des actes concrets : protection effective des Alaouites, Druzes, des Chrétiens, des Kurdes qui restent particulièrement vulnérables face à nombreuses factions armées.

La restauration du patrimoine et le retour des exilés ne sauraient masquer la nécessité d’une vigilance constante. L’histoire syrienne a montré combien les minorités pouvaient être instrumentalisées. Le nouveau pouvoir devra prouver qu’il est capable d’assurer une coexistence réelle et durable, au-delà des déclarations de principe.

Conclusion

L’appel de Yosef Hamra, urgent dans une Syrie post-Assad, vise à sauver le patrimoine juif et à rouvrir la porte à une coexistence multiconfessionnelle. Mais la justice pour les crimes du régime déchu reste essentielle, alors que la transition d’al-Sharaa reste fragile.

La communauté internationale doit lever les sanctions paralysantes tout en garantissant accountability. Un fonds UNESCO et des sanctions ciblées offrent une voie.

Jewish Heritage In Syria Fondation

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