
Alors que la violence frappe du Moyen-Orient à l’Ukraine, en passant par l’Afrique, Menart Fair 2025 choisit de mettre en lumière un autre langage : celui de la douceur. Pour sa 6ème édition, la foire internationale d’art, historiquement ouverte aux artistes du monde arabe, d’Iran, d’Israël et de Turquie, affirme que la création n’est pas seulement esthétique : elle peut devenir un engagement silencieux, mais d’une puissance rare. Reste que cette année, l’absence d’Israël dans la programmation ne passe pas inaperçue.
La douceur comme arme symbolique
Loin de toute naïveté, la douceur n’est pas synonyme de faiblesse ni de mièvrerie. Elle devient, pour les artistes exposés à Menart Fair, un acte de résistance face à la brutalité du monde. Dans le fil des guerres qui traversent la région MENA, leurs œuvres témoignent, questionnent, mais surtout réinventent des espaces d’intimité, de mémoire et de partage.
De la broderie photographique d’Asma Ben Aïssa (Tunisie) à l’encre délicate de Fadi Balhawan (Liban), la création se fait fragile et forte à la fois, capturant des émotions qu’aucun discours politique ne saurait exprimer.
Des gestes infimes, une force silencieuse
La douceur n’est pas l’oubli des violences, mais une manière de leur opposer une humanité irréductible. Elle se loge dans les matières, les gestes et les silences. Elle se tisse dans les œuvres de Meriem Bouderbala (Tunisie), se grave dans les compositions de Nabil Anani (Palestinien), ou se peint dans les toiles d’Ibrahim Hamid (Arabie Saoudite).
Ces démarches rappellent que l’art, même dans ses formes les plus subtiles, reste un langage de résistance et de transmission.
Un panorama des scènes artistiques du MENA
Avec plus d’une quarantaine de galeries venues du Bahreïn, de Syrie, du Liban, d’Iran, de Palestine, mais aussi d’Europe et d’Amérique du Nord, Menart Fair s’impose désormais comme un rendez-vous incontournable de la création contemporaine issue du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.
La diversité des participants – de la Zawyeh Gallery (Ramallah & Dubaï) à la Galerie Tanit (Beyrouth & Munich) – témoigne de l’effervescence d’une scène en plein renouvellement, où la mémoire des blessures collectives se mêle à une aspiration universelle à la lumière et à l’espérance.
Une absence remarquée : Israël
Si Menart Fair revendique depuis ses débuts une ouverture aux artistes du monde arabe, d’Iran, de Turquie et parfois d’Israël, force est de constater que cette 6ème édition ne mentionne aucune galerie israélienne dans sa programmation. Est-ce un choix assumé, une conséquence des tensions régionales ou simplement le fruit des sélections curatoriales ? La question demeure, tant l’art aurait pu constituer un espace de dialogue au-delà des fractures géopolitiques. Dans un contexte où la culture peut être vectrice de ponts, cette absence interroge sur la difficulté persistante d’inclure Israël dans les grandes initiatives artistiques du Moyen-Orient.
Informations pratiques
📍 Lieu : Galerie Joseph, 116 rue de Turenne – 75003 Paris
📅 Dates :
- Preview (institutions & collectionneurs) : vendredi 24 octobre, 15h–22h
- Inauguration VIP : vendredi 24 octobre, 18h–22h
- Ouverture au public : du samedi 25 au lundi 27 octobre 2025
⏰ Horaires : 12h–20h (sauf lundi, jusqu’à 19h)
🎟️ Tarif : 12 € – gratuit pour les moins de 26 ans
Menart Fair 2025 en un mot : la douceur comme engagement
En choisissant ce thème, la foire rappelle que l’art peut être une réponse au chaos, une manière d’affirmer la vie face à la mort, l’humanité face à la haine. Dans un monde saturé de violence et de bruit, ces artistes nous rappellent la force des nuances, des silences et de la délicatesse.
Photos
Ibrahim Hamid, Woman and desert city, 2022.
Meriem Bouderbala, Étoffes cutanées, 2008.
Alireza Jahromi, Memories Dissolved in Light, 2024.